SNAKE EYES : DEADGAME
États-Unis – 2020/2021
Genre : Action
Scénariste : Rob Liefeld, Chad Bowers
Illustrateur : Rob Liefeld
Éditeur : Vestron
Pages : 144 pages
Date de Sortie : 26 mai 2022
LE PITCH
Alors qu’il s’engage dans une course contre le temps et contre son rival, Storm Shadow, pour libérer le Général Colton d’une prison ultra-moderne en Norvège, une menace vieille de plusieurs milliers d’années va entraîner Snake Eyes dans la quête de l’arme ultime : le marteau de THOR.
Le jeu de la mort
Créateur de Youngblood et Deadpool, l’ex golden boy des comics et cofondateur d’Image Comics réalise un rêve de gosse en prenant les commandes d’une mini-série G.I. Joe entièrement dédiée au charismatique Snake Eyes. Et l’amoureux des figurines articulées de nous inviter dans sa chambre pour une grosse bagarre de fanboy.
Certes depuis les années 90 l’aura de Rob Liefeld s’est largement ternie entre la chute des ventes de ses multiples créations et une réputation pas toujours reluisante en coulisses. Pourtant ses petits retours sur le devant de la scène sont toujours remarqués, l’artiste maniant avec expressivité et fermeté le style exagérément dynamique, hypertrophié et totalement décomplexé de la décennie qui l’a vu explosée. Et les cinq chapitres de la mini-série Deadgame viennent le confirmer avec un scénario mis en forme par Chad Bowers (Sleepwalker) qui tient sur un ticket de métro, succession inlassable d’affrontement bourrins, acrobatique et surnaturels entre le fameux ninjas taiseux et un tueur de dieux revenu d’un lointain passé. Seul moyen de se débarrasser de ce Maître des tombes : remettre la main sur le marteau de Thor perdu depuis le fond des âges ! Un pitch improbable mélangeant allègrement mythes nippons et mythologie nordique dans un WTF ? dont seuls les comics (d’autrefois) ont le secret, et où se télescopent parfois juste pour le plaisir d’évoquer quelques gueules bien connues du dessin animé, le tout premier G.I. Joe, la copine Scarlett, Atomic Man ou les vilains Destro et Baroness.
Super-Joe
Liefeld a d’ailleurs généreusement déclamé son amour inconsidéré pour la licence lors de la promo américaine du titre, évoquant avec émotions sa collection complète des Action Figures et leurs accessoires, et même l’impact certain qu’a eu le look de Snake Eyes sur l’une de ses plus célèbres créations : Deadpool. Il n’empêche que l’univers des G.I. Joe n’a jamais autant ressemblé à un pur comics de super-héros qu’ici, le dessinateur s’en donnant à cœur joie dans des illustrations spectaculaires, des bastons furieuses et des poses iconiques toutes droits sorties d’un épisode de X-Force ou Youngblood. Un rendu surprenant pour une publication entièrement tourné vers l’action, au poing, au sabre et aux guns, dont le but n’est absolument pas de développer l’univers en question mais bien de livrer un défouloir total. Sa principale qualité donc, mais aussi sa limite, car malgré le bonheur de retrouver la patte inimitable d’un Liefeld qui prend manifestement son pied, il faut bien reconnaître que Snake Eyes Deadgame a tout de même un peu tendance à tourner à vide avec son enchaînement constant de vignettes et de duels à répétition. Un terrain de jeu finalement assez personnel pour l’artiste qui en a profité pour inviter quelques copains comme Neal Adams, Whilce Portacio, Jerry Ordway ou Kevin Eastman, entre autres, à l’encre de chine. L’occasion d’apprécier une nouvelle fois l’importance considérable de l’encreur dans la BD américaine, chacun venant donner des saveurs et des traits variables au style de Liefeld. Forcément les fans de ce dernier ne pourront certainement pas passer à côté d’une telle proposition.