Développé pendant près de sept ans avec Assassin’s Creed Black Flag et victimes de nombreux remaniement et changement de route, la dernière grosse production Ubisoft aura malheureusement rapidement pris l’eau sous le propre poids de ses ambitions. Un jeu d’aventure en forme presque de simulation de batailles nautiques qui pourtant s’efforce de raviver la flamme des grandes légendes pirates et de leur indécrottable volonté de liberté et de rapine. Annoncé à grands frais, la sortie du jeu fut même précédée d’un comics en octobre dernier, Savage Storm édité par Black River en France. Trois mois après la sortie du jeu voici donc une nouvelle proposition avec Sans pitié, cette fois-ci un album au format franco-belge, et qui vient à son tour étendre son univers. Mais en dehors d’une ou deux allusions et un QR code pour intégrer l’emblème du navire dans sa propre partie, les liens avec le soft restent très ténus. Cela tombe bien, le lecteur en devient ainsi accessible à tous, simple épopée de corsaire qui se lie comme un one shot enlevé, bourré d’aventures, d’abordages, de batailles sur les mers et de personnages fort en gueules, courageux mais bien entendu pas toujours des plus honnêtes.

« Quel bonheur d’être un voleur ! »

Grand habitué des séries concepts de Soleil Éditions avec des participations à Elfes, Mages ou Conquêtes, Nicolas Jarry (aidé pour l’occasion par David Courtois), ne signe pas forcément un script des plus originaux, mais propose en tout cas une BD d’action efficacement dosée, toujours rythmée et bien portée par des personnages charismatiques et vite attachants. Si le point de vue de l’histoire est apporté par le jeune Waleran, ancien mousse anglais qui par son honneur et sa fougue va finalement être adopté par l’équipage du Sans-pitié et finira même par devenir un élément crucial des évènements, c’est clairement la capitaine Dalal Al’Qasim qui prend aisément toute la lumière. Une pirate d’origine orientale, au passé douloureux, souvent sauvage, véritablement portée par les valeurs morales de la piraterie et qui est prête à mettre les océans à feu et à sang pour assouvir sa vengeance. C’est par son biais que le scénariste peut alors impulser ses nombreux rebondissements et explorer ce monde ô combien fascinant. S’il semble très à l’aise dans la mise en place et le découpage des nombreuses confrontations entre navires, entre explosions de cannons, tirs aux mousquets et entrechoquements de sabres, Marco Pelliccia (Breizh : Histoire de la Bretagne), propose tout de même un dessin assez générique. Suffisamment dynamique et expressif, mais clairement trop léger et pas assez fouillé pour donner une autre dimension à ce type d’histoires

Sans faire trop de vague ce Skull and Bones propose une aventure où l’on ne s’ennuie pas une seconde, emporté par le vent qui s’engouffre dans les voiles et l’attrait de la traque.