SILENT BLUE

サイレントブルー – Japon – 2011
Genre : Drame
Dessinateur : Icori Ando
Scénariste : Icori Ando
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Moonlight Manga
Date de sortie : 6 mars 2023
LE PITCH
Une météorite s’est écrasée il y a vingt ans en plein coeur de la ville où vivait la jeune Aoko. Une pluie incessante a rempli le cratère engendré par le crash, et un mystérieux lac renferme désormais la mémoire dormante des habitations. Aoko, désormais adulte, ne cesse de plonger dans ce lac afin d’y retrouver les souvenirs qui y sont enfouis…
Dans les profondeurs
Certains se souviennent peut-être de la série Soul Gardians et surtout du one-shot Snow Illusions édité il y a quelques années par Komikku. Léger retour en arrière sur la carrière de la mangaka Icori Ando avec l’une de ses toutes premières créations : Silent Blue.
A l’instar du bien plus connu Les Enfants de la mer récemment réédité chez Delcourt, Silent Blue est, au-delà de son postulat de base, un manga extrêmement liquide. Dans la fluidité de sa narration, dans la manière coulante dont s’enchainent certaines scènes et évènements, mais aussi dans cette manière qu’ont les nombreuses séquences d’explorations sous-marines, de s’étendre doucement au reste du récit. L’accent est souvent mis d’ailleurs sur ces séquences en apnée, contemplatives, enivrantes, aussi délicates qu’admirablement mise en scène dont finalement le seul défaut serait d’être trop courtes. Pourtant tout le cœur de Silent Blue est là, au fond de ce lac apparu il y a 20 ans, recouvrant en quelques jours à peine une ville entière. Alors âgées de toute juste trois ans, Aoko n’en garde aucun souvenir et cet oubli est comme une cicatrice qu’elle tente de guérir en s’équipant de son masque de plongé plutôt que de vendre des boissons à son échoppe itinérante. Elle part donc en quête de bribes de mémoires, mais pas uniquement la sienne : celle aussi de ses parents, d’un policier qui revient en faction dans la région ou d’un enquêteur en assurance qui doute qu’il ne s’agisse que là des conséquences d’une chute d’une météorite.
Une goutte d’eau
Un « autrefois » partagé et à reconstruire qui semble constamment glissé sur les personnages, s’échapper pour n’apparaitre que par quelques instants volés, quelques rares instantanés mais qui font office de baume au cœur. L’auteur dissémine bien quelques bribes de suspens et de mystère autour de la véritable nature des évènements, de la place étrange qu’a joué le père d’Aoko dans ces évènements, mais faute de place (la série donne parfois la sensation d’avoir été raccourcie) ou d’intérêt réel, Silent Blue se recentre constamment sur sa protagoniste centrale. Son calme, sa douceur, son regard lumineux et curieux sur la vie et distille alors une atmosphère particulièrement chaleureuse, petit drame intime doté d’une poésie jamais très loin de la rêverie, voir du fantastique. Un très joli voyage mémoriel qui peut être partiellement décevant pour ceux qui espéraient quelques grandes révélations dans les dernières pages ou l’amorce d’une romance, voir de suspens. Rien de tout cela dans ce manga, chronique simple et rafraichissante, voyage mémoriel partagé ou la ligne claire et épurée, l’économie sur les arrière-plans, prennent le temps de faire naitre les émotions. Un voyage très agréable et apaisant.