SHE IS BEAUTIFUL T.1
Japon – 2022
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Totsuno Takahide
Scénariste : Esaka Jun
Nombre de pages : 240 pages
Éditeur : Kurokawa
Date de sortie : 11 avril 2024
LE PITCH
» L’enclos » est un mystérieux centre de recherche qui élève des petites filles. C’est là qu’a grandi Kurumi, et là qu’elle s’endort la veille de son dixième anniversaire. Lorsqu’elle rouvre les yeux, quatorze ans ont passé et elle ne reconnaît pas le lieu où elle se trouve. Entre une amie qui a grandi pendant qu’elle dormait et sa mémoire effacée, c’est pour elle le début d’un étrange voyage.
Memories Report
Alors qu’il vient tout juste de s’achever au Japon avec son sixième recueil, Kurokawa propose en France She is beautiful, un intriguant thriller de science-fiction entre Black Mirror et un Jour sans fin.
Une proposition bien ambitieuse qui tout au long de l’essentiel de ce premier volume va s’efforcer de conter les jours heureux de Kurumi, gamine élevée comme les autres au sein de l’enclos, lieu d’apprentissage et d’éducation où arrivée à leur dixième année les pensionnaires seront réparties selon leurs capacités propres (scientifiques, artistiques…) afin d’assurer une véritable utilité à la société du monde extérieur. Premiers amours / amitié avec la voisine de dortoir et amie d’enfance, prises de bec avec la hautaine et cruelle Sayaka, espoir sur un avenir idéalisée, petits questionnements sur un monde extérieur qu’elles n’ont jamais vu… Jusqu’à ce Kurumi ne se réveille 14 ans plus tard dans un corps d’adulte, dans une maison isolée face à une Sayaka qui serait devenue sa grande protectrice depuis qu’un terrible accidente survenu à l’Enclos ne provoque chez la jeune fille une amnésie totale des dernières années à chaque fois qu’elle s’endort. Auteur tout juste connu chez nous pour un roman dérivé de la série Naruto (Sasuke Retsuden), Esaka Jun agence adroitement ses arguments et dispose minutieusement ses éléments, laissant au lecteur le soin de prendre en affection ce groupe de jeunes filles, et en particulier l’héroïne, bien au chaud dans leur cocon instrumentalisé, avant de venir tout briser en quelques pages seulement.
Comme un poussin tombé du nid
C’est que manifestement She is Beautiful va être une quête de vérité. Celle de découvrir ce qui s’est passé il y a 14 ans, ce que sont devenu ses amis, ou la raison et la réalité de ces amnésies à répétition finalement bien pratiques pour un hôte dont Kurumi apprend vite à se méfier… Mais aussi la découverte d’un monde réel où la population semble tout à fait encline à pourchasser les anciennes pensionnaires de l’enclos. Les questions pleuvent en pagailles, les réponses se font rares, mais Esaka Jun ne joue pas les prolongations et irait même presque un petit peu trop vite dans la dernière partie pour être sur d’assener son cliffhanger avec efficacité. Le pitch est accrocheur, le développement plutôt solide, les personnages bien construit et She is beautiful peut aussi s’appuyer sur le dessin très clair et épuré d Esaka Jun, artiste dont c’est ici la première œuvre traduite en France. Son style est plutôt classique et son découpage assez sobre, mais l’ensemble ne manque pas de rythme et sait justement parfaitement construire l’action autour du regard d’une protagoniste lâchée dans une situation d’autant plus déstabilisante qu’elle semble vouée à la rejouer plus ou moins chaque jour de sa (nouvelle) vie.
Annoncée pour aout prochain, le second volume devrait entrer dans le vif du sujet et se révéler peut-être encore plus addictif.