SERPIERI EROS & SERPIERI XXX
Italie, France – 2023
Genre : Erotique
Scénariste : Paolo Eleuteri Serpieri
Illustrateur : Paolo Eleuteri Serpieri
Editeur : Glénat
Pages : 120 et 120 pages
Date de Sortie : 22 février 2023
LE PITCH
EROS célèbre l’imaginaire érotique « soft » de Paolo Eleuteri Serpieri, à travers une iconographie foisonnante (illustrations, peintures, carnets de croquis). Un art qui magnifie le corps des femmes, et particulièrement leurs fesses, et qui lui a valu, à juste titre, une place d’honneur dans l’histoire de la bande dessinée.
XXX met particulièrement à l’honneur Druuna dans un ensemble de scènes et d’images extrêmement explicites, à ne pas mettre entre toutes les mains.
Les femmes de Paolo
Le grand maitre de l’érotisme, Serpieri, est à nouveau mis à l’honneur par Glénat et Lo Scarabeo avec deux nouveaux superbes artbooks venant célébrer son art et son amour des femmes. D’un coté Eros qui privilégie plus volontiers l’érotisme déjà pas vraiment sage, et de l’autre XXX qu’il ne faut bien entendu pas glisser entre toutes les mains.
Les ouvrages de ce type, dédiés aux illustrations du créateur de Druuna ne manquent pas, et les amateurs les collectionnent déjà avec passion et respect, mais ils sont bien souvent aujourd’hui introuvables ou épuisés. Nouvelles compilations donc qui traversent allègrement une bonne quarantaine d’années de vie professionnelle, Eros et XXX compilent donc chacun de multiples croquis, esquisses, études graphiques, illustrations et peintures ou explose constamment le talent de l’artiste, à la formation classique, qui n’a eu de cesse d’étudier et de mettre en valeur le corps féminin. Pas n’importe quel corps féminin et certainement pas une pin-up tout longiligne à la taille de mannequin, mais bel et bien une créature toute en formes, en rondeurs et à la féminité assumée, puissante et presque primaire. Avec un relief souvent déroutant, il donne ainsi constamment corps à une égérie de l’aube des temps, à la fois mère et pute (comme il l’aime le dire) totalement étrangère au mythe du péché de la chair. Une Vénus, une vraie, qui ne se refuse ni au regard, ni au désir de ses partenaires et qui aiment aussi bien se donner que prendre… à pleine bouche parfois.
Vue de derrière
Un fantasme on ne peut plus européen, méditerranéen, que Serpieri évoque comme inspiré par sa découverte de Valérie Kapriski, charnelle et libre, dans La Femme publique d’Andrzej Zulawski et sa fascination pour les beautées d’Amérique latine. Tout ces travaux ou presque tendent alors vers cette quête d’un idéal que les amateurs connaissent sous le nom de Druuna qui, de pages en pages, vient régulièrement toiser le lecteur par ses regards curieux, lascifs ou empreints d’un désir de braise, elle qui n’est, selon son créateur, « qu’amour ». Accompagnée de quelques indiennes mutines, d’une marquise qui fait ses ablutions, de quelques mâles aux corps dignes des statues antiques (mais avec un sacré plus), l’héroïne de Morbus Gravis est comme toujours la star des ouvrages de Serpieri celle qu’il met le mieux en valeur, celle qu’il plonge le plus volontiers dans le stupre et les ébats mutants, mais dont elle sort toujours vainqueur.
Superbes de bout en bout comme toujours les deux ouvrages accompagnent les illustrations de quelques citations lubriques latines pour Eros, et d’extraits d’interview de l’illustrateur pour XXX, mais aussi d’introductions et d’analyses de quelques pages rédigées par Daniele Bevilacqua qui reviennent avec une jolie plumes sur les atours Kdickien de la saga Druuna, la vision décomplexée de la sensualité et de la sexualité féminine, les rapprochements évidents avec les récurrences de Tinto Brass et bien entendu l’obsession totale pour les fesses. Ces fameux culs ronds et bien en chairs qui pour Serpieri sont la quintessence de l’attraction féminine et qu’il sait rendre plus hypnotiques encore par quelques coups de crayon, de magnifiques ombrages et des couleurs caressantes.