SEA OF STARS
Sea of Stars #1-11 – États-Unis – 2019/2021
Genre : Science-Fiction
Scénariste : Jason Aaron, Dennis Hallum
Illustrateur : Stephen Green
Éditeur : Urban Comics
Pages : 288 pages
Date de Sortie : 01 juillet 2022
LE PITCH
Les yeux perdus dans l’immensité galactique, le jeune Kadyn se morfond devant le hublot du vaisseau convoyeur piloté par son père Gil. Et quoi de mieux pour tromper l’ennui que d’inspecter, sans y être autorisé, la précieuse cargaison provenant d’un musée alien… ? Séparés lors de l’explosion du vaisseau, Gil et Kadyn dériveront dans l’espace, l’un, désespéré, à la recherche de son fils, l’autre, émerveillé par les rencontres exotiques qui rythmeront son odyssée.
Un père et son fils
Nouvelle création du scénariste Jason Aaron (Scalped, Wolverine and the X-men) après son passage remarqué sur la relance de Star Wars par Marvel, Sea of Stars est une autre forme d’épopée familiale dans une galaxie très lointaine…
Une journée au travail avec papa qui tourne à la catastrophe. Sauf que papa est pilote d’un convoi spatial et que l’objet percuté est une immense créature vorace. Séparés d’un bout à l’autre de l’espace, relié pour l’un uniquement par une le bip d’une balise sur l’écran de son scaphandre, papa et fiston vont traverser de nombreuses aventures avant de se retrouver. L’adulte, Gil, à la dure, devant survivre malgré les défaillances de sa combinaison et les bestioles bien décidées à le boulotter. Kadyn de manière, tout d’abord, bien plus détendu lui qui a touché un étrange artefact dans la cargaison de son paternel et qui peut désormais respirer dans le vide, voler entre les planètes et discuter avec les créatures exotiques rencontrées. Deux épopées contées en parallèle par Jason Aaron et Dennis « Hopeless » Hallum (Avengers Arena, All-New X-Men, Jean Grey) alternant ainsi le survival en milieu hostile porté par la rage d’un père et le voyage presque merveilleux d’un gosse porté par son nouveau potentiel et deux camarades de routes, un singe grognon et une baleine philosophe, assez improbables. Tout le charme de Sea of Stars repose sur cette cohabitation et alternance de ton, mais aussi sur son inscription dans une mythologie très inspirée par les croyances précolombiennes, et plus particulièrement aztèques, emportées ici dans les étoiles.
Rendez-vous manqués
Naturellement l’un et l’autre ne cesse de se croiser sans se voir, s’éloignent puis se rapprochent, perdent espoir et tombent sur un élément qui fait déclencher l’étincelle, mais surtout leur quête leur permet en cours de route de dépasser le deuil de la mère / épouse et une certaine forme d’incompréhension et de douleurs qui avait pu naître entre eux. Un joli double portrait, parfois cruel mais plus souvent lumineux rocambolesque, qui s’étend peut-être un peu trop largement sur les onze chapitres qui constituent la présente intégrale. Cultivant déjà un capharnaüm plutôt généreux, le récit s’offre un petit twist assez inutile dans sa dernière partie permettant de rejouer de manière lourdement symbolique l’opposition entre père et fils des débuts. Un petit essoufflement qui n’empêche pas heureusement l’émotion et l’artiste Stephen Green (Hellboy and the BPRD 1954) de développer avec beaucoup de générosité sa vision grandiose d’un univers peuplé de tribus oubliées, d’animaux mutants, de plantes carnivores, de krakens voguant sur les courants spatiaux et de cités englouties. Si son trait étonnement variable, plus impressionniste que réaliste, n’aboutit pas toujours à des planches d’une grande précision, les couleurs apportées par Rico Renzi (Spider-Gwen, The Unbeatable Squirrel Girl) et en particulier son violet éclatant, transporte automatiquement le lecteur dans un ailleurs futuriste et Fantasy à la fois.