SANDMAN : NIGHTMARE COUNTRY T.1
The Sandman Universe: Nightmare Country #1-6 – Etats-Unis – 2022
Genre : Fantastique, Horreur
Dessinateur : Lisandro Estherren
Scénariste : James Tynion IV
Nombre de pages : 184 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 27 janvier 2023
LE PITCH
Chaque nuit, lorsque vous dormez, le Seigneur des Rêves choisit le chemin emprunté par vos songes. Il peut tout aussi bien vous mener vers des contrées enchantées que dans le dédale de vos peurs les plus intimes. Parfois, il arrive aussi que le Rêve laisse ces dernières s’échapper de leurs sombres coursives pour s’égarer dans notre vaste monde. Aujourd’hui, le Corinthien, le plus redouté de tous les cauchemars, est de retour.
Les yeux dans les yeux
Avec Sandman The Dreaming, voici l’autre évènement éditorial autour de l’incontournable Sandman : Nightmare Country. L’occasion de retrouver la créature aux yeux dentés et aux cheveux peroxydés, le Corinthien. Transformé mais toujours aussi tranchant.
Motivé naturellement par la production de la, très réussie, série TV The Sandman pour Netflix, DC Comics n’a pas hésité à relancer l’univers de Neil Gaiman avec une série principale, The Dreaming, et quelques satellites qui viennent explorer des frontières parfois inédites de ce mondes où rêves et réalités peuvent se mêler de manière inextricable. Et parmi les grandes créations de Gaiman tout au long de la série culte de Vertigo, le Corinthien est certainement l’une des plus marquantes et des plus flippantes. Un cauchemar lâché sur le monde, un dévoreur de globes oculaires et d’espoir, un monstre séducteur et charismatique, qui tout au long des années et de centaines de meurtres terribles aura inspiré un véritable culte au sein du microcosme des serial killer américains. Et c’est assez naturellement vers lui que c’est tourné James Tynion IV lorsque DC lui a proposé d’apporter sa petite pierre à l’édifice. Logique mais pas opportuniste car comme il le rappelle lui-même dans son introduction, l’auteur de The Department of Truth ou The Wood a toujours clamé son amour pour la série originale et avoué sa dette et sa constante inspiration. Dès lors même si Nightmare Country s’intègre dans le nouvel ordre initié par The Dreaming, et sans doute plus encore que dans celle-ci, la série retrouve admirablement la tonalité de la série culte.
Terreurs contemporaines
Elle s’efforce aussi à son tour de décortiquer les rapports fluctuants que l’humanité cultive avec ses propres rêves… et ses désirs. Certes le Corinthien n’est plus aussi malfaisant qu’alors, mais il reste toujours aussi inquiétant et parfois assez délirant, mais surtout il doit désormais faire avec son propre passé, sa propre légende et contrecarrer, en autres, deux étranges assassins aux airs de cénobites Mr Agony et Mr Ecstasy, qui traque une jeune artiste aux visions étranges. Un mystère qui ne s’éclaire que très lentement, oscillant entre l’onirisme et le pur récit d’horreur, que l’illustrateur Lisandro Estherren (Redneck) vient accompagner avec des planches plutôt délicates, atmosphériques, mais qui peuvent tout aussi facilement s’enfoncer dans les ténèbres en quelques coups de pinceaux. Il est en outre accompagné de quelques artistes invités comme le génial Yanick Paquette ou Francesco Francavilla pour venir éclairer les flashbacks de notes graphiques particulières. De sacrées cartes en mains pour un premier album plutôt réussi et prenant, même s’il faut l’avouer que la trame scénaristique ressemble pour l’instant surtout à une bonne mise en jambe avant la prochaine mini-série The Glass House où les pistes politiques à peine brossées ici vont sans doute prendre toute leur ampleur puisque le Corinthien se retrouvera face à encore pire que lui dans le décor de la Silicon Valley : des capitalistes !