SAND LAND
Japon – 2000
Genre : Aventure, Science-Fiction, Comédie
Dessinateur : Akira Toriyama
Scénariste : Akira Toriyama
Nombre de pages : 242 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 2 octobre 2024
LE PITCH
À la suite de nombreuses guerres entre les humains, la Terre s’est transformée en un gigantesque désert et l’eau est devenue la denrée la plus rare. Beelzebub, le “prince des démons”, pille les convois d’eau pour approvisionner ses congénères, jusqu’au jour où il entend parler d’une oasis légendaire qui se trouverait quelque part en plein cœur du désert. Aux côtés d’un humain, il se lance alors dans une aventure riche en rebondissements de toutes sortes…
« quand t’es dans le désert »
Akira Toriyama nous a quitté en mars dernier, mais ses œuvres, naturellement, restent. Et si Dragon Ball reste évidemment sa création la plus célèbre et la plus étendue, d’autres titres gravitent autour comme Sand Land qui a justement connu il y a peu le lancement de sa série animée et de son jeu vidéo dérivé. Occasion idéale pour ressortir ce one-shot. En Perfect Edition tant qu’à faire.
De quoi justement le ranger fièrement aux cotés des Perfect Edition de Dragon Ball avec son format plus large, ses pages couleurs et sa petite interview inédite de l’auteur. Publié pour la première fois en 2000, cette courte série témoigne de l’état d’esprit de l’artiste qui avait conclu cinq ans plus tôt sa plus longue création. Il en sortira rincé, épuisé créativement, et surtout clairement peu motivé pour se lancer à nouveau dans une saga au long court. Vont alors s’enchainer pendant quelques années divers one-shot plus ou moins mémorables revenant ouvertement au ton plus comique et absurde des débuts comme Cowa !, Kajika puis Nekomajin un peu plus tard, avec au milieu justement celui qui semble le plus abouti Sand Land. Un décor de récit post-apocalyptique, un héros jeune démon bien plus gentil qu’il n’y parait, des militaires forcément très mal intentionnés, une quête à travers le désert pour retrouver une source légendaire… Toriyama reste Toriyama est reste surtout toujours très attaché à une structure relativement classique. Celle-ci lui permet alors d’établir un grand terrain de jeu où il va pouvoir à nouveau s’éclater avec des méchas rétros tout en rondeurs, multiplier les créatures non-humaines plus mignonnes qu’inquiétantes et s’embarquer dans quelques scènes de poursuites à toutes berzingue et des combats vifs et percutants avec un Beelzebub qui, comme Son Goku avant lui, cache sous son apparence de petit garçon une puissance démesuré.
Rafraichissant
Tout le savoir-faire de l’artiste et de son équipe de Bird Studio est à l’œuvre offrant des planches visuellement impeccables (personnages, décors… tout est parfait), au découpage pointu et maitrisé, avec un accent plus prononcé vers la caricature et les ressorts de la comédie. Retour aux sources, Sand Land repose énormément sur le caractère farfelu de son jeune héros et de son acolyte vieillissant Thief, avec qui il passe son temps à se chamailler (pour partir en mission, pour tenir le volant, jouer à la console…) et sur des personnages secondaires bien allumés comme la famille Swimmer, gang de voleur en maillot de bain qui n’a jamais mis un pied dans l’eau. Joyeux, bourré d’humour, bien rythmé, mais aussi doté d’une véritable conclusion, Sand Land est effectivement un divertissement bien rodé qui à une ou deux allusions près (l’épouse ex-actrice porno) est une lecture grand public aussi accessible que fun. Mais le titre contient aussi en arrière-plan quelques accents plus tragiques relativement inédits dans l’œuvre de Toriyama. Des thèmes plus sombres véhiculés par le personnage de Shiva, shérif venu demandé l’aide du peuple démon pour sauver sa ville, mais aussi vétéran de l’une des guerres qui a ravagé le monde et témoin de la perfidie et de l’égoïsme de l’humanité prêt à tout pour son propre confort et pour préserver le pouvoir sur les autres. Un anti-héros à la Mad Max, qui aurait pu avoir son propre manga, dur, violent et désespéré, si Beelzebub et sa clique n’étaient pas venus mettre le dawa et assurer un peau happy ending à tout le monde. Vraiment très sympa.