RUMIKO TAKAHASHI – HISTOIRES COURTES
高橋留美子傑作集 – Japon – 1994 / 2017
Genre : Comédie, Drame, Fantastique
Dessinateur : Rumiko Takahashi
Scénariste : Rumiko Takahashi
Nombre de pages : 5 x 200 (environ)
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Date de sortie : 20 novembre 2024
LE PITCH
Découvrez en exclusivité dans un superbe coffret deux nouveaux recueils d’histoires courtes de Rumiko Takahashi ! Vous y trouverez à leurs côtés des rééditions du Chien de mon Patron, Un bouquet de fleurs rouges et La tragédie de P.
Welcome to Rumik’s Theater
Delcourt / Tonkam se penche enfin à nouveau sur la collection d’histoires courtes produites par la grande Rumiko Takahashi tout au long de sa carrière. Trois premiers volumes furent traduits en France il y a vingt ans. Epuisés et désormais vendus à prix prohibitifs, ils sont enfin réédités et rejoint dans la foulée par les inédits Les Oiseaux du destin et Le Diner de la sorcière. Cinq volumes disponibles à l’unité ou dans un coffret intégral.
Est-il encore vraiment nécessaire de présenter l’immense Rumiko Takahashi créatrice de Maison Ikkoku, Lamu, Ranma ½ ou Inu-Yasha et considérée comme la Reine du manga ? Pas vraiment en effet. Il est cependant bon de rappeler qu’en dehors de ses longues saga principales, l’autrice a pris l’habitude de retrouver régulièrement ses lecteurs dans les pages de la revue Big Comic Original pour de courtes parenthèses de quelques pages avec des histoires originales. Loin de ses licences fortes, elle se permet alors de proposer une narration souvent beaucoup plus posée, plus adulte même, mais surtout de retrouver concrètement le coté chronique réaliste que l’on peut parfois apercevoir dans ses plus grands succès. Ces histoires courtes se rapprochent alors plus sincèrement de la comédie de mœurs dites « Juliette je t’aime » en France même si, elle ne se refait pas, le fantastique pointe régulièrement le bout de son nez. Un esprit de la maison, le fantôme d’un gentil chien, une sorcière qui essaye de rattraper son impair, des corbeaux qui marquent un destin funeste… Ces artifices viennent surtout concrétiser le regard souvent amusé, mais néanmoins lucide, qu’elle porte sur ses compatriotes.
Le Japon et moi
On y croise de belles et tendres histoires d’amour qui peinent à s’avouer sous le poids des traditions et de la bienséance, quelques souvenirs d’enfance farfelus, des récits de voisinage, mais il est surtout question la plupart du temps d’hommes et de femmes d’âges murs, tentant de se débattre avec leur conditions, l’omniprésence du monde du travail (chronophages mais aussi angoissant quand l’emploi vient à manquer), la vie maritale, la place de la femme dans la société ou la solitude apparaissant après le départ des enfants. On baigne littéralement dans le quotidien et la culture nippone, mais Takahashi traite les situations et les personnages toujours avec sa fantaisie habituelle, le situations pouvant tourner au chaos généralisé, les points de départ les plus basiques (le patron qui demande à son employé qu’il garde son chien, l’épouse qui comble son ennui en suivant des cours de cuisine…) aux délires abracadabrants et les joyeux personnages finissent souvent par être victime de leur propre ridicule. En particulier ces fameux pères de famille, salary-men, déconnectés et qui s’empêtrent régulièrement dans des fantasmes érotiques et romantiques qui les dépassent. La justesse du ton, la fraicheur de l’humour, le naturalisme poétique et bien entendu le sens imparable de la narration de la mangaka font le reste. Imaginé sur un intervalle de plus de vingt ans, l’ensemble de ces nouvelles graphiques accompagnent une grande partie de la carrière de leur créatrice, et sont elles aussi marqués par ses évolutions. On voit ainsi les ressorts comiques des premiers recueils, usant de gags très visuels et de quelques délires surréalistes, laisser peu à peu place à des atmosphères plus alanguies et mélancoliques, tandis que le trait très rond des années 80/90 laisse peu à peu place à un style plus épuré encore et des contours légèrement plus anguleux.
Les années passent, mais le talent reste intact et ces fameuses Histoires courtes ne sont certes pas le versant le plus spectaculaire de la carrière de Rumiko Takahashi, mais c’est surement dans ces pages et entre ces lignes que l’on peut approcher ce qui reste pour elle l’une de ses œuvres les plus personnelles.