ROM OMNIBUS VOL.1
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Rom Spaceknight #1-29, Power Man and Iron Fist #73 – Etats-Unis – 1979-1982
Genre : Science-fiction
Scénariste : Bill Mantlo
Dessinateur : Sal Buscema
Nombre de pages : 704
Editeur : Panini Comics
Date de sortie : 04 février 2025
LE PITCH
Un robot géant issu des profondeurs de l’espace arrive sur Terre pour combattre ses ennemis jurés, les Spectres Noirs.
Mémoire vive
Janvier 1981. A l’occasion de son 133ème numéro, la mythique revue Strange des éditions Lug, dans laquelle se sont déjà côtoyés nombre de héros Marvel, accueille une nouvelle série : Rom, le Chevalier de l’Espace. Pendant près de quatre ans, ROM va clôturer la revue, installant progressivement une mythologie qui restera parmi les meilleures écrites par la Maison aux Idées à l’époque. Alors que le comic book continue sa route outre atlantique, ROM tire sa révérence (pour cause de violence) sans jamais donner de fin à sa quête aux jeunes lecteurs français. Une frustration qui va les suivre toute leur vie, jusqu’à ce jour de 2023 où Marvel annonce, à la surprise générale, la réédition intégrale de la série sous la forme de trois omnibus. La route fut longue mais nous y voilà enfin.
Pour comprendre les rebondissements éditoriaux autour du personnage, il faut d’abord savoir que ROM n’est pas, à la base, un personnage Marvel mais un jouet de la firme Parker Brothers. Un robot assez laid d’ailleurs, peu articulé, et dont les yeux rouges et les quelques armes fournies, ne lui permettront pas d’accéder à un grand succès. Mais pour faire parler de son jouet, Parker Brothers a alors l’idée, assez géniale il faut bien le dire, de se tourner vers Marvel (qui a le vent dans le dos depuis plusieurs décennies) pour en faire le héros d’un comic book. Marvel missionne alors Bill Mantlo et Sal Buscema, scénariste et artiste chevronnés, qui ont déjà plusieurs centaines de planches à leur actif chez l’éditeur new-yorkais. Le succès espéré est bien là. A tel point que le comic book cannibalise totalement le produit. Le jouet tombe vite dans l’oubli tandis que la série s’envole pour n’atterrir définitivement que près de sept ans plus tard après 75 numéros, 3 annuals et un nombre assez important d’apparitions dans d’autres séries Marvel. Jusqu’à ce que l’éditeur perde les droits du personnage et de son univers et ne puisse donc plus jamais le rééditer. Depuis, Parker Brothers a été rachetée par Hasbro, qui eux ont décidé de sortir ROM de son long sommeil. On les en remercie.
L’âme de fer
Pour comprendre l’engouement, autant que le manque, suscités par ce personnage depuis tant d’années, il suffit d’en lire les premières pages. Bien que d’apparence très éloignée des super héros estampillés Marvel (des hommes de la rue aux failles, voire aux handicaps, importants), ce robot argenté aux yeux rouges et à la taille impressionnante vibre bien, comme eux, d’une humanité à fleur de peau. ROM vient de Galador, un monde très évolué technologiquement et socialement, véritable paradis perdu dans l’univers. Jusqu’au jour où il est attaqué par les Spectres Noirs (Dire Wraiths), une race de conquérant venant d’une galaxie appelée Nébuleuse Noire, dont leur don de polymorphie et leur sorcellerie leur permettent d’envahir silencieusement et implacablement leurs proies. Pour se défaire de l’envahisseur, les galadorians n’ont d’autre choix que de sacrifier leur jeunesse, et troquer leur humanité contre des armures surarmées et capables de sillonner l’espace. ROM fut le premier volontaire et, après la victoire, part en quête des derniers Spectres, ce qui l’amène sur Terre, où l’envahisseur est en passe d’inoculer son cancer dans les sphères les plus hautes de l’Etat. Pour lutter contre eux, ROM possède un analyseur capable de démasquer les Spectres et un neutraliseur qui ne les tue pas, mais les bannit dans des limbes où ils seront emprisonnés pour toujours. Dès les premiers épisodes de la série, on sent les influences science-fictionnelles de Mantlo, qui les régurgite avec un talent phénoménal que viennent parfaire les lignes claires et reconnaissables entre toutes d’un Sal Buscema au sommet de son art. Dans un premier arc de douze épisodes, ROM arrive donc à Clairton, petite ville de Virginie, où il trouve quelques alliés tout en continuant d’être considéré comme un monstre par certains (le Silver Surfer de Stan Lee et John Buscema n’est pas loin) et va progressivement avancer jusqu’à Washington. Maison hantée, plantes carnivores et monstres de tout poils sont autant de périls que va devoir affronter le Chevalier de l’Espace. Dans un deuxième arc, encore meilleur que le précédent, Mantlo va commencer à utiliser tout le potentiel horrifique permit par la sorcellerie des Spectres (le formidable dyptique Hybride avec les X-Men) avant d’emmener ROM jusqu’à New York où il va rencontrer les Fantastic Four afin de retourner sur Galador.
Sans conteste, cette première fournée de 29 épisodes (avec en bonus une apparition chez les Heroes for Hire) est l’exemple parfait de la force de frappe artistique du Marvel de cette époque. Une lecture de haute volée pour tous les fans de comics malheureusement entachée, une fois n’est pas coutume, par le travail de sagouin de Panini sur la traduction. Mais rien ne pourra nous empêcher, cette fois, de connaître enfin la fin.