ROGUES
Rogues #1-4 – États-Unis – 2022
Genre : Super-héros, Braquage
Dessinateur : Leomacs
Scénariste : Joshua Williamson
Nombre de pages : 216 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 13 janvier 2023
LE PITCH
10 ans plus tôt, les Lascars se sont séparés et ont chacun suivi leur propre voie, mais le temps qui passe ne leur a pas fait de cadeau. Coincés dans un cycle incessant de prison, de cure de désintox et de petits boulots sans avenir, ces anciens criminels en ont assez de payer pour leurs crimes passés. Heureusement, Captain Cold a un plan. Un dernier casse, qui les rendrait riches au-delà de tous leurs espoirs et les libérerait de leur passé… s’ils en réchappent.
The Last Bunch
Bien occupé par son planning chez DC Comics incluant la suite de Batman Shadow War et ni plus ni moins que le crossover massif Dark Crisis on Infinite Earths, Joshua Williamson trouve le moyen de refaire un petit détour par Central City pour retrouver la bande des Lascars, célèbres ennemis de Flash, et leur offrir un baroud d’honneur au sein de la gamme burnée du Black Label.
Si Joshua Williamson a définitivement marqué de son emprunte le destin du bolide rouge au sein des pages de The Flash Rebirth, on ne verra pourtant pas l’ombre d’un éclair passer dans les pages de Rogues (nom original des Lascars). Dès les premières pages, ont est ainsi plongé dans les coulisses de l’univers habituel des comics, dans un bouge où semblent se réunir les vilains de tous poils pour se détendre apprès une journée de larcin et où va germer dans l’esprit de Leonard Snart l’idée du casse ultime : dérober toute l’or de Gorilla Grodd, dissimulée sous les fondations de Gorilla-City. Ce n’est pourtant que bien des années après, alors que sa vie, comme celles de ses anciens collègues, a plutôt mal tournée que le plan prend définitivement forme et que Cold décide de réunir toute la bande (enfin ceux encore vivants) dans ce qu’il présente comme un coup infaillible. Même si l’univers DC et en particulier celui des satellites de The Flash est parfaitement exploité, avec un soupçon de cruauté et de fatalité permis par la marque Black Label, Joshua Williamson se sert finalement ici des codes classiques des comics de super-héros que pour donner plus de couleurs et d’ironie à ce qui s’apparente définitivement à un roman noir… Avec un soupçon de western crépusculaire au vu du nombre de victimes.
De sacrés lascars
Un récit de vieux gangsters, fatigués, dépassés, parfois même en voie de rédemption, mais qui espère encore et toujours retrouver la gloire d’antan. Une BD de casse, avec ses personnages qui ont chacun un coup à jouer, une place bien précise dans l’organisation du braquage proprement dit, mais où naturellement tout va rapidement partir en sucette une fois sur place. Car l’empire des Gorilles n’est certainement plus ce qu’il était, tirant clairement vers le New York des 30’s et sa mafia ultra puissante, et que les talents d’autrefois, l’énergie, la jeunesse et la chance, font parfois défauts. Avec une écriture décontractée, mais sans tomber dans les tics ultra maniéristes post Tarantino, ou le second degré façon Suicide Squad, les quatre chapitres de Rogues n’en font certainement pas autre chose que des loosers, mais des loosers flamboyants, figures humaines plus que faillibles qui ne peuvent se passer l’un de l’autre même s’ils passent leur temps à se tirer dans les pattes. L’échec est annoncé d’avance, mais le scénariste réussit pourtant à nous faire croire à un happy-end possible, à une petite pirouette qui rendrait la vie plus belle. Sombre mais fun, Rogues permet aussi d’affirmer les talents de l’illustrateur italien Leomacs (pseudo de Massimiliano Leonardo) qui après sa superbe prestation sur Basketful of Heads apporte son style fouillé, vivant et percutant à un univers moins Bis. Lui aussi ne vise pas l’iconisation stylisée ou la célébration d’une perfection en collants, mais un réalisme expressif qui tirerait presque parfois vers ce cartoony italien définitivement marqué par les publications Disney. Dans tous les cas, Rogues ça a de la gueule.