Il faut l’avouer cette gamme de jouets apparue en 1987 est aujourd’hui beaucoup moins célèbre que les autres licences intégrées à l’univers récré par IDW et Hasbro comme G.I. Joe, Transformers ou Mask. Pourtant ces guerriers colorés à l’univers très fantasy inspiré par la légendes arthurienne, avaient fait le bonheur de quelques gamins avec leurs porte-étendard aux hologrammes censés devenirs des projections magiques de ces personnages. Une petite série animée de 13 épisodes aperçue dans le Club Dorothée, une série de comics d’à peine six numéros restée circonscrite aux territoires américains… Pas de quoi pavoiser et pourtant, nostalgie oblige, les voici de retour en grandes pompes au cœur de l’empire Transformers. Un portail ouvert par le sorcier Merklynn aux dernières pages de First Strike et voici Prysmos, le royaume des visionaries qui déboule en plein milieu de la capitale de Cybertron, enfin en paix après des siècles de guerre contre les decepticons. Un monde de machine géantes et vivantes, de haute technologie ou la moindre parcelle semble recouverte de métal, qui a forcément du mal à cohabiter avec la culture de ces nouveaux immigrés qui avaient justement banni toute forme de technologie. Pire, certaines magies des visionnaries semblent même capable de faire tomber en poussière le métal qui compose les transformers.

Emblèmes contre emblèmes

Une situation sous haute tension que la scénariste Magdalene Visaggio (Strangelands, Kim & Kim, Vagrant Queen…) prend un malin plaisir à envenimer en jouant justement sur les tensions connues entre les deux grandes factions qui composent les Visionaries où la peur du rejet et de ce monde inconnu vont en pousser une grande majorité à embrasser le projet destructeur de la vindicative Virulina. Prolongeant les vagues trames laissées en suspens par le vieux comics des 80’s, elle réussit ainsi à donner une certaine présence aux nombreux personnages relativement méconnus chez nous replaçant le charismatique Leoric en tête de file, rappelant les éternelles traitrises de Mortdred, tout en explorant les multiples pouvoirs et accessoires de figurines qui doivent aujourd’hui coûer un bras (et l’épaule avec). Surtout, elle joue parfaitement de leurs oppositions naturelles avec cette version moderne des Transformers (plutôt tournée vers les trames shakespeariennes et les feuilletons presque politiques), pour leur donner une place parfaitement désignée dans cette troisième branche du crossover géant Revolution III. Le volume en présence propose bien entendu toutes les batailles épiques et destructrices attendues, mais leur donne des enjeux bien plus intéressants que le simple affrontement du bien contre le mal. Autre bonne surprise de ce Transformers vs Visionaries, la prestation de l’illustrateur Fico Ossio (Critter, Mister Miracle : The Source of Freedom), justement déjà croisé sur Revolution et Revolutionaries, est plutôt chiadée avec des illustrations fluides et des contours dynamiques, mêlant colorisations pétantes et personnages très expressifs (même les robots). Il gère admirablement un récit et des planches souvent très chargées où se croisent des personnages aux échelles diverses et variées.

Une très bonne entrée en matière pour cette nouvelle branche d’action figures que l’on tarde de voir se frotter un peu aux militaires US et aux pilotes masqués. A suivre forcément…