REDCOAT T.1 : EINSTEIN ET L’IMMORTEL

Redcoat #1-7 + Tales of the Unnamed: The Blizzard – Etats-Unis – 2024
Genre : Fantastique, Action
Dessinateurs : Bryan Hitch, Andrea Mutti
Scénariste : Geoff Johns
Nombre de pages : 312 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 21 février 2025
LE PITCH
Simon Pure, un soldat déserteur de l’armée britannique lors de la Guerre d’Indépendance américaine, voit son destin bouleversé par un rituel magique auquel il n’aurait jamais dû assister. Devenu immortel malgré lui, il balade son arrogance et son inconséquence à travers les époques, s’attirant toujours plus d’ennuis et manquant à chaque fois de provoquer un paradoxe temporel majeur. Et si c’était possible, la vie éternelle de Pure prend un tournant inattendu lorsqu’il croise la route d’un jeune garçon de 13 ans nommé Albert Einstein…
Terre de promesses
Geoff Johns revient à son nouvel univers partagé, The Unnamed, avec un nouveau personnage haut en couleurs : Redcoat. Un immortel plus combinard que futé, perdu au milieu d’une grande histoire des Etats-Unis largement revisitée, qui se découvre un sacré acolyte en la personne d’un Einstein adolescent. Un dynamic duo inédit.
Pas évident de donner naissance à un tout nouvel univers comics et de s’efforcer de l’installer solidement dans le paysage des lecteurs plus habitués aux cannons des deux grandes maisons. Édité par Image Comics mais conçu en toute liberté par le label Ghost Machine de Geoff Johns, les titres réunis sous le titre de Tne Unnamed, ne débarquent pas avec leurs gros sabots, mais préfèrent dessiner progressivement mais surement, une grande trame qui s’inscrirait dans une révision ésotérique de l’histoire des Etats-Unis, plus mystérieuse que jamais, et où apparaitrait quelques figures vouées à contrecarrer une apocalypse à venir. L’homme nucléaire Geiger et le vétéran robotique Junkyard Joe avaient joliment ouvert la voie… Ils sont donc désormais rejoints par Simon Pure, anti-héros lui aussi, mais plutôt vers le versant roublard, épicurien et flemmard. Devenu immortel par accident (ce pouvoir était censé revenir à Benjamin Franklin) ce déserteur britannique se contente de vivoter, d’accepter les petits contrats d’assassin, de picoler et d’essayer de séduire les donzelles… quitte à y laisser régulièrement la peau.
La relativité de la mort
Un looser d’une certaine façon, qui va retrouver, laborieusement, un sens à sa vie motiver par un tout jeune Albert Einstein, convaincu grâce aux visions de sa sœur, que le bonhomme est destiné à sauver le monde. Si bien entendu la menace est grave, prenant ses racines dans les fondations même de la nation et le culte des Pères fondateurs, Geoff Johns ne la prend jamais totalement au sérieux, s’amuse à détourner quelques figures célèbres (de George Washington à Johnny Pépin de pomme), et à trimbaler nos deux héros dans un grand complot sur fond de vieille secte en toges blanches et de sorciers hallucinés. Une aventure rocambolesque à défaut d’être véritablement surprenante, mais en tout cas menée avec énergie, panache et beaucoup d’humour. Le charme canaille de Simon Pure et surtout son attachement inespéré à ce petit allemand particulièrement futé, donnent une vraie légèreté à cette origin story particulièrement divertissante… Et spectaculaire ! Il faut dire que ce coté là le dessinateur Brian Hitch (The Ultimates, Authority, Justice League…) n’a depuis longtemps plus grand-chose à prouver. Metteur en image classique mais efficace, il impose surtout ce trait extrêmement précis et dynamique, héritier des grands maitres de la BD US (de Sal Buscema à John Byrne) et donc à même de donner corps à de nouvelles icônes « super héroïques »… ce que pourrait devenir Redcoat s’ils se donnait un peu de mal.
Gros complément de ce premier tome, Le Blizzard est une mini-série prépubliée aux USA dans l’anthologie Tales of the Unnamed et conte la nuit tragique de trois gardiens et cinq prisonniers, pris aux pièges dans une tempête de neige et poursuivi par une créature semblant se repaitre de leur culpabilité. Là Geoff Johns joue plutôt la carte du récit d’horreur en forme de huis clos, reposant sur des personnages contemporains solides et plutôt complexes, et une prestation visuelle atmosphérique impeccable de l’italien Andrea Mutti (Rebels, Evil Empire…). Un récit tendu et angoissant dont on ne découvrira le véritable lien avec l’univers de The Unnamed et la destinée de Redcoat que dans la dernière page. Un petit prétexte sans doute, mais qui prouve que Geoff Johns a pas mal d’idées derrière la tête et une vraie longévité pour sa création.