RED SONJA : LE PARDON DES MONSTRES
Red Sonja #13-16 – Etats-Unis – 2014/2015
Genre : Fantasy, Action
Dessinateur : Walter Geovani
Scénariste : Gail Simone
Nombre de pages : 160 pages
Éditeur : Graph Zeppelin
Date de sortie : 27 novembre 2024
LE PITCH
Alors que Red Sonja aide des villageois à lutter contre un odieux sorcier, elle tombe sur l’homme qu’elle hait le plus au monde : le dernier maraudeur qui a assassiné sa famille (Voir Red Sonja (1) : La Reine des Fléaux). En proie à une obsession vengeresse, la guerrière hyrkanienne pourra-t-elle sortir de cette noirceur qui envahit son âme ? Saura-t-elle vaincre son plus grand adversaire : elle-même ?!
La miséricordieuse
Trois ans, tout de même, après la publication du premier volume de Red Sonja par Gail Simon, La Reine des fléaux, Graph Zeppelin achève enfin la traduction de son run avec Le Pardon des monstres, avec une héroïne qui a appris à grandir… mais certainement pas à bien se tenir.
Si l’arrivé de Gail Simone sur la licence Red Sonja aura été marqué par une très grosse attente de la part des fans, finalement l’ensemble de son cycle se sera montré peut-être plus classique que d’autres de ses travaux comme Birds of Prey, Batgirl ou Wonder Woman. Cela ne l’empêche pas d’avoir finalement véritablement reconstruit les premières années de l’aventurière, ici encore très jeune, et se constituant peu à peu comme la guerrière assumée et sûre d’elle que l’on connait. D’un grand récit de vengeance dans le premier volume à une grande aventure épopée épique dans le second avec la constitution d’une troupe digne d’une partie de D&D, la scénariste a mis l’héroïne à l’épreuve et a essayé de lui redonner une certaine modernité, affirmant plus que jamais une absence de bienséance et une morale bien à elle. Pour son élan final, elle va la confronter en plusieurs étapes à sa mort possible (et même à l’entité elle-même), l’obligeant, gentiment, à remettre en question certains choix de vie et surtout une existence motivée par le massacre de sa famille et de son village. Voici donc Sonja damné par un sorcier, incapable d’une quelconque forme de pardon et qui se montre désormais victimes d’accès de rage irrépressibles, et qui ira jusqu’à détruire ses mains pour s’empêcher de faire le moindre mal. Voici Sonja prenant la défense d’une grande bibliothèque gardée par quelques nonnes éclairées mais trop pacifiques.
Dernières flammes
Voici surtout la diablesse qui ne cesse de narguer les puissants, les tyrans, les esclavagistes et les démons de tout poils entre deux beuveries, une orgie avec hommes et femmes bien faits et toutes les moqueries possibles balancées à la face de ses assaillants. Mais sous ses dehors de fière à bras et de créature indomptable, Gail Simone sait aussi faire apparaitre quelques fragilités, quelques failles, voir une certaine et belle naïveté comme lorsqu’elle s’allonge tel une petite fille sur les genoux d’une sœur qui s’apprête à lui faire la lecture d’un conte… qui semble tellement raconter sa propre histoire. Un soupçon de tendresse dans des épisodes qui bien entendu ravivent l’univers de Sword & Sorcery de Robert E. Howard, où l’adversité s’affronte l’épée à la main, à brides abattus, que ce soit une horde de mercenaires, des généraux vicieux ou un ver géant au dents acérés. L’artiste Walter Geovani se montre d’ailleurs une nouvelle fois beaucoup plus convaincant lorsque l’action prend le pas sur le dialogue, assurant un découpage très efficace, une brutalité bien conforme et quelques designs et mises en valeur de créatures tout à fait convaincantes, quand les traits de ses personnages et la colorisation très lisse manque d’un peu de personnalité et d’originalité.
La lecture est toujours aussi dépaysante et plaisante mais Le Pardon des monstres n’offre pas l’apothéose tant attendue, s’achevant sur une petite succession de sorties presque discrètes et une nouvelle coupe de cheveux, il est vrai très réussie. Les couvertures de Jenny Frison cependant sont toujours aussi sublimes.