PTSD RADIO T.1
後遺症ラジオ – Japon – 2010
Genre : Horreur
Dessinateur : Masaaki Nakayama
Scénariste : Masaaki Nakayama
Nombre de pages : 320 pages
Éditeur : Mangetsu
Date de sortie : 16 octobre 2024
LE PITCH
Captez-vous l’étrange fréquence de PTSD Radio ? L’horreur rampe, glisse et se tapit dans le noir. Elle vous tire par les cheveux, elle vous happe comme le vide, elle se transmet comme un virus et s’infiltre par tous les pores de votre vie. Vous pouvez toujours refermer le livre… mais il sera déjà trop tard.
Mauvaises ondes
La passion de Mangetsu pour l’horreur japonaise ne s’arrête pas au vaste catalogue des anthologies de Junji Ito, et permet ainsi de découvrir d’autres univers, tout aussi hantés, à l’image de celui de Masaaki Nakayama dont l’œuvre phare PTSD Radio est aussi étrange qu’entourée d’une aura sulfureuse : l’auteur lui-même aurait été victime de son œuvre !
Coup de pub, surmenage ou profonde croyance en un monde des esprits, les déclarations de l’auteur, appuyées par ses assistant et son éditeur peuvent tout de même laisser dubitatif. Ainsi, cette série en six tomes que le mangaka aurait préféré abandonner en cours de route, aurait été en grande partie inspirée par de véritables expériences rencontrées dans l’immeuble où était installé son studio. Des craquements, des bruits étranges, une drôle d’odeur nauséabonde entêtante, des coupures impromptues d’électricité… et puis des ombres, allongées, curieuses, qui auraient commencée à s’en prendre à certains collaborateurs. Même le déménagement, après six ans passés sur place tout de même, n’aurait pas arrangé les choses puisque la santé du monsieur aurait brutalement décliné à cause d’une maladie du système immunitaire rarissime. Persuadé que son manga en était la cause, Nakayama a donc décidé d’en stopper la publication avec le sixième tome bien que l’ensemble soit encore inachevé (la série était prévue en 8) A chacun ses convictions, mais il faut avouer que le lecteur de ce premier tome français est forcément accompagné de quelques sensations étranges, et d’une constante recherche entre les lignes d’indices ou d’éléments qui pourraient induire cette fameuse malédiction.
Capillotracté
D’ailleurs l’œuvre s’y prête parfaitement puisque l’auteur n’a pas choisi de construire sa série en suivant une chronologie linéaire (des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale à de nos jours, mais pas dans cet ordre), voir même d’enchainer les épisodes avec une logique narrative claire, préférant constamment passer d’un personnage à un autre, d’une apparition à une autre, pour mieux parfois les relier bien plus tard, disséminer quelques fils (des cheveux surtout) pouvant indiquer des relations étranges de causes à effets. Nakayama change de fréquence de manière abruptes, varie la taille de ses anecdotes et de ses légendes, comme pour toujours mieux laisser le lecteur dans une zone trouble, instable et peu perdu. Les phénomènes paranormaux qu’il décrit sont pourtant de grands classiques de la J-Horror avec de longs cheveux qui attirent les mauvais esprits ou qui se transforment eux même en piège, des ombres qui figent les passants, des corbeaux aux regards inquiétants, des silhouettes qui surgissent dans la pénombre, des voix qui peuvent rendre fou, mélange de légendes urbaines, de perceptions contemporaines biaisées et d’apparitions d’une idole oubliée, celle d’Ogushi, démon aux airs phalliques appréciant les cheveux en offrandes. Intriguant en tout cas PTD Radio sait aussi mettre en avant un style visuel faussement classique et plutôt épuré, mais où les nombreuses émanations et apparitions parfois bien graphiques font par contrastes particulièrement froid dans le dos.
Le grand tableau se met peu à peu en place et ce qui ressemblait au départ à une nouvelle anthologie d’épouvante se montre plus complexe et profond qu’on ne le pensait. Une bonne ambiance angoissante… mais attention PTSD Radio risque d’agiter un peu les poltergeist de la maison.