PROIES ET PRÉDATEURS
France, Chine – 2022
Genre : Science-Fiction
Scénariste : Jean-David Morvan
Illustrateur : Yang Weilin
Éditeur : Delcourt
Pages : 108 pages
Date de Sortie : 05 octobre 2022
LE PITCH
Un surprenant émissaire informe l’ONU que des extraterrestres sont en route sur leur planète-vaisseau en forme de tore, le Dévoreur. Ceinturant notre planète, ils en absorberont la moindre ressource, puis la recracheront comme on le fait d’un noyau. Notre fin est inéluctable : leur supériorité technologique ne laisse aucun doute. Un soldat met en œuvre tous les moyens imaginables pour riposter.
To Be Eat or Not Eaten
Sixième tome déjà, sur les seize annoncés, de la collection Les Futurs de Liu Cixin avec l’adaptation de la nouvelle Proies et prédateurs. A Morvan et Yang Weilin la lourde tache de donner corps à cette fin du monde venue de l’espace qui, comme toujours, fait surtout écho à une catastrophe bien plus proche de nous.
Dans un futur proche où l’humanité semble en passe de conquérir l’espace ou en tout cas d’explorer plus avant notre système solaire, la venue annoncée d’un conquérant dévastateur semble tout stopper. Le dévoreur annoncé par un émissaire prenant l’apparence d’une héroïne d’animé kawai, suivi par un ambassadeur reptilien s’offrant comme salut un premier encas parmi les personnes présentes, doit arriver dans cent ans et venir aspirer tout vie de notre planète. Reste à savoir si l’humanité va décider de se battre ou se contenter de la place offerte de bétail choyé proposé par l’envahisseur. Un concept une nouvelle fois particulièrement très intéressant, qui ménage d’authentiques questions civilisationnelles, mais qui aussi aborde dans cette notion d’une finalité inéluctable notre propre rapport face à la crise environnementale actuelle. Liu Cixin joue alors sur les rapports d’échelle entre ces méga-prédateurs venus finalement (on s’en doute un peu dès le départ) du passé de la Terre, l’espèce humaine et une colonie gigantesque de fourmi rouge dont on découvrira même les péripéties sous la forme d’un flashback épique.
La vie trouve son chemin
Accepter ou ne pas accepter, et surtout entendre que la notion de vie ne s’arrête pas loin de là à un primate légèrement plus évolué que les autres être vivants. Pertinent mais pas forcément des plus excitants, le récit, très bavard, ne réussit malheureusement jamais à rendre convaincant des arguments de science-fiction trop grotesques (les dinosaures du futur), les atermoiements scientifiques hautement improbables (l’arrivée de la station colossale et le déplacement de la lune entrainant des conséquences presque trop minimes) et des réactions d’une population humaine trop humaine. On ne verra jamais vraiment ainsi les élans belliqueux des dirigeants et militaires humains, ni les mouvements de panique et de rébellions d’une population très anonyme. Est-ce la faute au texte d’origine ou à l’adaptation du pourtant solide Jean-David Morvan (dont les excellents Spirou et Fantasio sont enfin réédités en intégrale chez Dupuis) ? Seuls les spécialistes pourront l’affirmer, mais il parait évident que malgré la bonne centaine de pagination, la narration semble constamment contractée, trop pressée, ne laissant même pas forcément au dessinateur Yang Weilin (Da Qin) l’opportunité de livrer des visions de la catastrophes planétaires ou des évènements hors de notre atmosphère digne d’un spectaculaire Space Opera. Trop verbeux, trop étouffant, trop inquiet, Proies et prédateurs manque sans doute d’un peu de plénitude.