POWER RANGERS ARCHIVE : LES ANNÉES MARVEL

Mighty Morphin Power Rangers #1-7, Mighty Morphin Power Rangers Ninja Ranger 1-5 – Etats-Unis – 1995 / 1996
Genre : Super-héros, Comédie
Dessinateur : Steve Ditko, Ron Lim, Darick Robertson, Tod Smith…
Scénariste : Fabian Nicieza, Scott Lodbell, Barry Dutter …
Nombre de pages : 224
Éditeur : Vestron
Date de sortie : 31 janvier 2025
LE PITCH
Lorsque l’avenir de la planète est en danger après la libération accidentelle de Rita Repulsa, un être interdimensionnel, Zordon d’Eltar (ayant combattu et emprisonné Rita il y a 10 000 ans), établi dans un Centre de Commande à Angel Grove, recrute cinq adolescents afin d’endosser les pouvoirs du Réseau de Transmutation et de défendre la planète en tant que Power Rangers : Jason, Trini, Billy, Kimberly et Zack.
Transmutation !
20 ans avant d’être réinventée et sacrément modernisée par Boom Studio !, la licence Power Rangers a bourlingué du coté de la maison Marvel. 13 fascicules pour deux petites séries, entièrement dévoués à retrouver l’esprit gamin du programme tv, mais confié à quelques signatures étonnantes, pour un résultat aujourd’hui bien rétro et coloré.
Série culte américaine reprenant à son compte l’univers des Super Sentai et de nombreux éléments (scènes d’effets spéciaux, costumes…) à la série japonaise Zyuranger, Mighty Morphin Power Rangers est rapidement devenu le programme préféré des petits occidentaux, rêvant à leur tour de pourfendre les monstres pas bien effrayants qui assaillent constamment la ville très californienne d’Angel Grove et de revêtir les superbes tenues aux couleurs dédiés. Une manne bien entendu pour la Saban qui revend les droits d’exploitations en produits dérivés à tour de bras, et bien entendu fait du gringue aux éditeurs de comics. C’est le méconnu Hamilton qui débutera le bal avec treize fascicules pour trois mini-séries, avant que Marvel ne reprenne le flambeau en 1994. L’éditeur de Spider-man, des Avengers et autres Daredevil, mais qui a su aussi se faire une belle réputation pour sa prise en main de grandes licences comme Star Wars, Transformers ou G.I. Joe.
Il n’y a cependant pas tout à fait la même ambition ici puisque la première série proposée, sobrement intitulée Mighty Morphin Power Rangers, et qui s’écoulera sur sept numéros, n’essaye pas du tout de mettre en place sa propre chronologie ou de développer l’univers du titre. A chaque fois découpés en deux courtes histoires de 10 pages, les fascicules rejouent ad eternam la sacro-sainte structure des épisodes du programme avec le joyeux décor de la vie idéale américaine, une menace envoyée par le terrible Seigneur Zedd, un premier combat au corps à corps suivi d’un appel au Zord et d’une transformation en Megazord et la paix est ramenée dans un éclat de rire final… et gentiment moral.
The power lies on their side
Du pur produit dérivé, imaginé et conçu pour satisfaire sans trop d’efforts les jeunes lecteurs, qui ne semble pas avoir été une priorité pour l’éditeur, ni pour les auteurs, sans doute occupés par d’autres productions plus glorieuses. C’est particulièrement probant visuellement dès lors que l’on croise le travail régulier de l’artiste Ron Lim, grand collaborateur de Jim Starlin sur les sagas de Thanos, qui signe des planches bien plus imprécises que d’habitude, un Darick Robertson (The Boys) encore débutant, ou plus douloureusement le maitre Steve Ditko (créateur de Spider-man et Dr Strange), manifestement bien fatigué. Rien de bien surprenant pourtant pour un comic à franchise des années 90, même si on peut reconnaitre aux scénaristes, dont Fabian Nicieza (créateur de Deadpool) et Scott Lodbell (X-Men, Batman…), une bonne capture de l’esprit naïf et de l’énergie débordante de la série, tout en délivrant quelques idées parfois assez décalées, à la limite de la parodie : un monstre laveur de voiture, un piranha radioactif mutant ou un ado transformé en bulle de pus… oui, il fallait oser.
La seconde série, Mighty Morphin Power Rangers Ninja Ranger, correspondant à la transformation Ninja de la troisième saison, fut un peu plus courte avec seulement cinq épisodes. On y perçoit pourtant des ambitions un peu plus développées, avec des histoires plus longues et qui prennent autant le temps de développer, légèrement, les pitch initiaux, que vaguement la psychologie de quelques personnages, ainsi que la longueur des combats, plus spectaculaires et moins expédiés. Plus classiques d’une certaine façon, mais aussi bien plus fignolés avec par exemple des planches tout à fait honorables signée Tod Smith (Vigilante, Darkhawk, The Omega Men…) qui se rapprochent pleinement de l’école Marvel.
Certainement pas une date dans l’histoire de la bande-dessinée donc, mais un reflet direct de ce que pouvaient être les Power Rangers durant les années 90, avec quelques idées saugrenues au passage et quelques grands noms des comics qui passaient par là. Tout une époque, rafraichissante et certainement pas prise de tête, que Vestron a eu la très bonne idée de réunir intégralement dans un seul et même volume. Les fans de Power Rangers n’ont qu’à se jeter dessus.