POUSSIÈRE D’OS
Our Bones Dust #1-4 – Etats-Unis – 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Ben Stenbeck
Scénariste : Ben Stenbeck
Nombre de pages : 120 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 11 septembre 2024
LE PITCH
Un enfant sauvage, à la fois prédateur et proie, tente de survivre dans un monde post-apocalyptique cauchemardesque habité par des tribus cannibales, qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de Mad Max… Au milieu de cette brutalité, de cette misère et de tout ce sang, une intelligence artificielle, curieuse et fouineuse, observe et s’intéresse de très près à ce qui se passe…
Planète sauvage
Collaborateur privilégié de Mike Mignola et signature récurrente des publications liées à l’univers de Hellboy, Ben Stenbeck s’échappe du feuilleton pulp de son mentor pour proposer sa première création personnelle en tant qu’auteur complet : Poussière d’os.
Et le changement drastique d’univers saute immédiatement aux yeux puisque Poussière d’os n’a absolument plus rien à voir avec les fantaisies baroques et la comédie surnaturelle habituelle, mais s’engouffre dans un lointain avenir dystopique où quasiment toute l’humanité, voir toute vie, à disparu de la surface de la terre. Sur des étendues en ruines, jonchées de restes de béton, de détritus divers et traversées par quelques reptiles, cafards et chiens galeux, les restes d’humanité semblent dans un état lamentable. De rares tribus éparses, bêtifiées, réduites au cannibalisme et à la survie en dégottant quelques restes d’autrefois. Mad Max en pire, pas loin des derniers instants avant l’effacement dans le silence définitif. Pourtant dans ce décor peu reluisant un jeune garçon, mutique mais débrouillard et sauvage, survit face à ses poursuivant et une créature alien, en mission d’archivage se passionne plus de raison pour cet ilot sans vie dans l’espace. Une rencontre annoncée, attendue même, qui pourrait changer la face du monde… ou pas.
Le dernier (jeune) homme
Après des débuts plutôt prometteurs et une excellente installation du contexte, Ben Steinbeck, constamment à l’étroit dans ses quatre tous petits chapitres, ne prend jamais vraiment le temps d’incarner durablement ses personnages, de développer leurs personnalités et leurs interactions, enchainant les évènements d’une page à l’autre à un rythme effréné. On ne s’ennuie jamais dans Poussière d’os, course poursuite quasi constante, succession ininterrompue de retournements de situation, d’affrontements plus ou moins directs, où finalement tout reste en surface jusqu’à une conclusion largement ouverte qui pourrait induire une suite… absolument pas prévue. Pas mieux pour le terrible antagoniste de l’album, chef de clan barbare et sans pitié qui sera amené au-delà de la mort à fusionner avec une IA délirante revêtant la peau de ses victimes, elle-même un peu sortie de nulle part. On sent bien, en particulier avec le dernier chapitre, que l’auteur ne manque pas d’inspiration et aimerait donner une plus vaste dimension à son histoire, s’étendre même sur des instances plus philosophiques, mais tout cela semble étouffé dans l’œuf et régulièrement assez maladroit. Difficile cependant de trouver de véritables critiques à faire aux planches de l’artiste entre les designs inspirés, les personnages pleins de style et de caractère, l’association toujours équilibrée entre le trait rond et délicat et la violence explosive, le détail et l’épure, surtout qu’on retrouve une nouvelle fois l’incontournable et talentueux Dave Stewart aux couleurs.
Un dessinateur au sommet de son talent, mais un scénariste encore fragile et qui se fait manifestement un peu débordé par son imaginaire.