POMPÉI T.1 : ASSA

France, Belgique
Genre : Aventure, Péplum
Dessinateur : Paolo Grella
Scénaristes : Rudi Miel, Fabienne Pigière
Nombre de pages : 56 pages
Éditeur : Anspach
Date de sortie : 16 mai 2025
LE PITCH
Arrachée à son village natal par des soldats romains, Assa est vendue comme esclave à Pompéi. Au service de Probus, un notable de la ville, elle tombe sous le charme de son fils, Aurelius, musicien et artiste, qui lui propose le mariage. Les représailles de Probus, qui œuvre à unir son fils à la fille de l’homme le plus puissant de Pompéi, sont terrifiantes. Vendue à un lupanar, elle vit une descente aux enfers.
A l’ombre du volcan
Proposition éditoriale inédite imaginée par Anspach, Pompéi est une nouvelle série historique qui s’efforce de faire revivre la flamboyante citée romaine. A l’orée de la catastrophe connue, de multiples figures et personnages vivent à l’ombre du volcan, entre aventures et tragédies. Et pour le premier tome c’est la superbe Assa qui nous sert de guide.
On retrouve ici les créateurs du triptyque Libertalia, consacré à la fameuse « démocratie » pirate avec Rudi Miel et Fabienne Pigière, historienne, au scénario, et le talentueux Paolo Grella aux dessins. Une nouvelle fois l’idée est de marier avec équilibre les ambitions d’un véritable récit d’aventure, fortement emprunts de grandes références aux péplum, avec un regard solidement ancré dans les faits et les connaissances historiques. Un peu de didactisme ne fait de mal à personne, et comme en atteste le cahier de bonus glissé en fin d’album, tout ici a été murement réfléchis pour retracer à la fois le mode de vie des romains de la ville (en particulier leurs rapports maitres à esclaves) et l’organisation de ses rues, ses quartiers et ses grandes demeures aristocrates ou plus prosaïquement, les bains publics et les lupanars. Des lieux dont on a effectivement retrouvé des traces dans les ruines antiques, à l’image de ces lieux de débauches où les murs étaient recouverts de mosaïques explicites, tandis que les ruelles se recouvraient de graffitis bien moins élégants.
Brulante comme la lave
Tout cela est véritablement dessiné avec brio par l’italien Paolo Grella (Galkiddek, Bob Morane…) qui par son trait extrêmement précis et fouillé, ses formes réalistes maitrisées, ses reconstitutions architecturales pointues et la finesse des costumes donnent vraiment à redécouvrir cette Italie du premier siècle dans toute sa flamboyance et son opulence. Au passage son travail de colorisation à l’aquarelle ajoute constamment une touche plus vibrante, plus atmosphérique à l’ensemble, question justement de ne pas le laisser figé dans le marbre. Les planches sont superbes, à l’image de l’héroïne, Assa, jeune bretonne dont le village a été rasé par les conquérants romains et qui ne désespère pas de retrouver son frère, même en étant devenu esclave. Une héroïne farouche et romantique, mais dont la trajectoire s’avère malheureusement bien trop classique et prévisible, entre sa douce romance prometteuse avec le fils de son maitre (adepte des arts et non du pouvoir), et la manœuvre de celui-ci pour l’écarter, la revendant comme simple prostituée. Le passage de l’abattement à la révolte semble bien rapide, tout comme son ascension dans le milieu des plaisirs qu’elle perçoit comme un parfait outil de vengeance et d’émancipation. Sans surprise, son ultime confrontation avec son bourreau se fera alors que le Vésuve crache ses premières fumées noires et que palais commencent à s’effondrer.
Un seul tome semble un peu court pour donner vraiment la bonne dimension au destin d’Assa, mais les albums à venir seront tous consacrés à de nouveaux habitants de Pompéi, figures ou silhouettes que l’on aura croisés ici comme personnages secondaires. Tous futures victimes des puissances naturelles de la terre et d’un destin funeste.