PHOBOS T.1 : L’ENVOL DES ÉPHÉMÈRES
France – 2021
Genre : Science-fiction
Scénariste : Victor Dixen
Illustrateur : Eduardo Francisco
Editeur : Glénat
Pages : 80 pages
Date de Sortie : 09 juin 2021
LE PITCH
Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars. Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l’une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l’amour. Elle a signé pour un aller sans retour…
2021 l’odyssée sentimentale
Victor Dixen adapte lui-même chez Glénat sa série de Science-fiction la plus célèbre : Phobos. Un croisement entre un chapitre inédit d’Arthur C. Clark et les retransmissions des descendants du loft qui marie conquête spatiale et conquêtes amoureuses. Mais pas sûr que l’issue ne soit « que du bonheur ».
Publiée à partie de 2015, la série de quatre romans (plus un) signée Victor Dixen avait alors rencontré un certain succès auprès du lectorat adolescent et reçu une belle poignée de prix bien mérités (Prix Imaginales des Collégiens, le Prix Chimères…). Un récit de science-fiction qui fait effectivement écho à de nombreux questionnements actuels, posant son regard vers une probable colonisation de la planète Mars (mais à quel prix ?) et la fascination des masses pour la télé réalité et ses jeux de séduction et d’élimination. Un pitch malin qui envoie donc six jeunes femmes et six jeunes hommes, venus de tous les coins du monde, tous beaux comme de dieux, à bord d’une navette spatiale à destination de la géante rouge qu’ils devront à terme peupler de leur progéniture. Tout cela sous le regard de terriens qui assistent à leurs speed dating, leurs confidences feutrées et une compétition qui fait monter les tensions. On reconnaît les atours principaux des productions TF1, M6 et consorts, mais que Victor Dixen réussit à manier intelligemment, les rendant effectivement assez addictifs au premier degré, tout en y apposant un regard plus distancier interrogeant la culture de l’image, la gloire de la superficialité et plus directement l’aspect assez barbare de ces sélections jamais naturelles.
Jeunesse sacrifiée
A cela s’ajoute en outre des enjeux beaucoup plus importants puisque la mission n’a bien entendu pas été conçue avec les meilleurs intentions et la firme Atlas Capital ne se borne pas qu’à exploiter la bonne volonté de ces jeunes gens. Entre thriller technologique, survival spatial et romances, Phobos retrouve toutes ses qualités propres dans cette adaptation concoctée par le romancier en personne. La trame reste donc extrêmement fidèle, même si forcément un peu élaguée sur certains détails, mais gagne aussi clairement par sa mise en image. Un travail notable a été effectué sur le choix et la mise en valeur des couleurs, particulièrement vives voir pétillantes lors des retransmissions télévisés (avec tous les effets de montage implicites), plus feutrés dans les salons et surtout plus crues, réalistes et sombres dans les coulisses. Le trait assez réaliste d’Eduardo Francisco (Aliens Défiance, Mass Effect), à la fois suave et charmant sur les protagonistes, en particulier la rousse Leonor, et beaucoup plus grotesque sur les organisateurs, fait certes écho à un certain manichéisme, mais se prête particulièrement bien au dispositif. Visuellement on note aussi un soin très poussé apporté aux reconstitutions spatiales, que ce soit du côté des designs et de la mécanique des différentes navettes visibles, que des combinaisons ou effets physiques rencontrés aux différentes étapes de la mission. Un socle de crédibilité qui permet de faire embarquer rapidement le lecteur dans cette télé-réalité du futur, ce voyage vers l’Amour… et un destin funeste.