PARKER GIRLS
Parker Girls #1-10 – Etats-Unis – 2022 / 2023
Genre : Policier, Comédie
Dessinateur : Terry Moore
Scénariste : Terry Moore
Nombre de pages : 224 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 19 juin 2024
LE PITCH
Lorsque le corps sans vie de Piper May échoue sur la plage de Venise, les Parker Girls soupçonnent la jeune actrice d’être victime d’un acte criminel et décident d’examiner de plus près le mari milliardaire de Piper, Zackary May. Pendant ce temps, un détourneur de fonds dans les Caraïbes confie son plus sombre secret à une belle inconnue.
No More Strangers
Le roi du comic indépendant Terry Moore a beau proposer régulièrement quelques nouvelles séries aux genres aussi variés que Rachel Rising, Serial ou Echo, il en revient toujours à ses premiers amours : Stangers in Paradise. Voici donc Parker Girls mini-série qui peut être perçue comme un nouvel épilogue à son œuvre maitresse.
Presque cent fascicules constituent Strangers in Paradise (4 grosse intégrales en France) et presque vingt ans nous séparent du dernier épisode officiel, et pourtant son créateur n’arrivera sans doute jamais vraiment à se détacher de cette histoire, de son univers et surtout de ses personnages, en particulier Katchou et Francine. Il n’est pas rare en effet de croiser leur chemin dans les autres séries de Terry Moore, et elles furent forcément partie prenante dans le crossover très personnel Five Years. Et dans Parker Girls aussi il faut tout de moins avoir quelques heures de vol derrière soit pour profiter pleinement du volume et en particulier des différentes références faites dans les dialogues, ou pour s’y retrouver dans la petite troupe de demoiselles, sexy, intelligentes et définitivement mortelles qui gravitent autour de cette fameux agence Parker Girls, spécialisé dans les interventions sous couvertures et tout en charmes. On reconnait encore et toujours l’amour de l’auteur pour ces personnages féminins ultra affirmés, fortes mais jamais dans la caricature unilatérale, rappelant toujours entre deux passages à tabac, une séquence de séduction et un talon planté dans l’œil, une forme touchante de fragilité et une éternelle quête d’amour.
Drôles de dames
Katchoo, elle, a trouvé le sien il y a longtemps avec Francine, mais elle répond ici à l’appel de sa sœur Tambi qui enquête sur la mort de l’une d’elles, retrouvée noyé après une dispute avec son mari, le magnat des nouvelles technologie Zackary May. Pendant que Cherry et Becky suivent le chemin d’une enquête relativement classique, Katchoo se rapproche du principal suspect, une ancienne connaissance, et les autres mettent à jours des liens probables avec quelques détournements financier d’investissements chinois. Une situation explosive que ces dames vont s’empresser d’allumer autant mobilisées par leur esprit de sororité, par leur devoir moral que par une bonne pointe de froide vengeance. Entre thriller, action, polar glam et comédie décalée, Parker Girls retrouve tous les charmes de Strangers in Paradise, avec certes un ton plus violent et dur parfois, mais qui vient encore brillamment éclairer l’arrière-plan criminel, pas si irréaliste que ça de SIP. On se laisse rapidement emporter dans ce récit choral qui va multiplier les apartés et les changements de ton (les dix premières pages d’ouvertures sont un petit bijou de narration et d’ironie), multiplier les petits revirements bien sentis, discourir sur le cynisme du monde moderne, mettre en danger notre chère Francine (et en figure secondaire mais bel et bien là) et toujours revenir à une émotion plus simple, plus chaleureuse, entre amours sincères et amitiés profondes qui donnent toutes leurs couleurs aux Parker Girls. L’artiste propose bien entendu sa mini-série dans son désormais traditionnel noir et blanc extrêmement fin, presque lumineux, où les rondeurs réalistes cohabitent élégamment avec les élans de strip humoristique, presque cartoon dans la restitution des expressions (primordiales).
Terry Moore n’a de toute façon pas besoin de grand-chose pour donner une existence propre à son petit monde et ses années d’affutage lui permettent d’aller à l’essentiel sans perdre de sa délicatesse. Ça fait effectivement du bien parfois de revenir à la maison.