ORIGINES

Origins #1-6 – Etats-Unis – 2020/2021
Genre : Science-Fiction, Aventure
Dessinateur : Jakub Rebelka
Scénariste : Clay Chapman
Nombre de pages : 168
Éditeur : 404 Comics
Date de sortie : 15 mai 2025
LE PITCH
David Adams a causé la chute de l’humanité, mille ans plus tard, il a une chance de la sauver. La race humaine s’est éteinte, éradiquée et remplacée par l’intelligence artificielle depuis des siècles. Chloé, l’androïde créée par David Adams il y a bien longtemps, tente de ramener à la vie son créateur. Dans ce monde apaisé par l’absence des hommes, la créature devenue créateur doit remettre David sur le chemin de sa mémoire pour qu’une nouvelle forme d’humanité puisse espérer voir le jour.
Nouvelle genèse
C’est LA nouvelle star de l’éditeur 404 Comics : Jakub Rebelka. Depuis le succès de Le Dernier jours d’Howard Phillip Lovecraft, l’éditeur français semble bien décidé à remonter le temps pour proposer des œuvres plus anciennes du dessinateur, à l’instar de cet Origines toujours disposé dans un volume grand format, avec couverture soft-cover et papier épais.
Un illustrateur d’origines polonaises qui apporte effectivement un style très particulier, à la fois brut et extrêmement délicat, jouant de contours épais et de formes imparfaites, multipliant les compositions grandioses mais gardant toujours un œil sur le détails, l’émotion et l’humain. Après le contexte médiéval de La Cité des chiens, les cauchemars de Le Dernier jour d’Howard Phillip Lovecraft et la réinterprétation biblique Judas, son univers graphique se confronte ici aux codes de la science-fiction. Admirablement accompagné par les couleurs intenses et atmosphériques de Patricio Delpeche (Void Rivals, Nightmare Country…), il décrit ainsi un avenir lointainement post-apocalyptique, quelques siècles après l’anéantissement de l’humain par une IA. Une planète revigorée, où les dernières ruines sont quasiment toutes recouvertes de plantes, mais où la nature est définitivement infectée par les nanorobots, guettant le retour redouté d’un humain. Celui-ci sera David, réincarnation du créateur malheureux, élevée par Chloé l’une de ses androïdes, et qui s’apprête justement à réintégrer dans sa mémoire tous les souvenirs de son modèle.
Rise of the Machines
Un récit imaginé par trois noms gravitants, un peu, dans les coulisses du cinéma américain (Aras Amel, Lee Toland Krieger et Joseph Oxford) mais surtout rédigé par le Clay McLeod Chapman de Lazaretto, Seance in the Azylum et une tripotée de titres consacrés au symbiote Marvel (Scream : Curse of Carnage…). Ce dernier se met entièrement au service de l’illustrateur, aérant sa narration au maximum, lui donnant constamment des occasions de développer des visions futuristes dantesques, contemplatives, voir même épiques parfois, mais prend tout de même le temps de concrétiser cet univers en distillant quelques flashbacks parallèles qui révèlent les évènements passés (tragiques) et souligne la relation tendre, voir amoureuse, qui existe entre David et Chloé, mais aussi en évoquant des thèmes importants que ce soit les conséquences d’une science (et en particulier les IA) irraisonnée, de la naissance d’une conscience robotisée, du libre arbitre et de la place de l’homme dans l’écosystème planétaire. De vastes réflexions qui reprennent ouvertement la structures d’une fresque biblique (à nouveau), contant ce nouvel avènement et cet ultime combat d’un bien contre un mal, comme une nouvelle genèse, une renaissance vers une transhumanité nécessaire.
Une grande et puissante histoire, forcément presque « traditionnelle » dans ses développements et sa structure, mais qui accroche très efficace le lecteur grâce à ses personnages toujours touchants et vibrants (dont quelques robots bien fragiles), ses concepts complexes bien négociés et naturellement le travail toujours aussi fascinant et unique de Jakub Rebelka.