OPUS HUMANO N°1 : 1975-1985
France – 1975 / 2024
Genre : Science-fiction, Thriller, Fantastique
Dessinateurs : Moebius, Jean-Michel Nicollet, Caza, Jean-Claude Gal, Daniel Ceppi, Franz
Scénaristes : Jean-Pierre Dionnet
Nombre de pages : 272 pages
Éditeur : Les Humanoïdes associés
Date de sortie : 18 septembre 2024
LE PITCH
1975 – 1985 : Dans le sillage de la comète Métal Hurlant, un groupe d’auteurs au talent monstre change sans le savoir le visage de la bande dessinée. Découvrez ou redécouvrez les albums phares de cette période, signés Mœbius, Crespin, Caza, Alias, Ceppi, Nicollet, et Dionnet.
La Naissance du monstre
Comme le temps file, surtout quand on est une maison d’édition qui n’a jamais cessé d’œuvre à un catalogue foisonnant d’univers, d’artistes et de créations, SF ou autres, et que ce qui reste certainement sa plus éloquente conception, la revue mythique Métal Hurlant, fait un retour triomphant depuis trois ans. Et question de concrétiser tout cela, voici donc Opus Humano, prévu en cinq tomes et célébrant les plus belles pages de BD publiées par Les Humanoïdes associés.
C’est qu’en décembre prochain, on fêtera les 50 ans de l’éditeur (voilà que ça ne nous rajeunit pas notre Dionnet !) et que ce dernier prévoit quelques évènement avec des grands classiques annoncés pour des rééditions au format « Luxe » (Arzach, forcément, suivis de Le Bibendum céleste et quelques autres…), cinq livres pop-up concepts intitulés Des lendemain qui hurlent et confiés à chaque fois à un artiste différents et enfin ce nouveau mook, Opus Humano, dont nous tenons actuellement (oui tout en écrivant sur le clavier) le premier numéro entre les mains. Un imposant volume façon magazine et qui ressemble naturellement fortement à un numéro spécial de Métal Hurlant. L’idée reste d’ailleurs assez proche des premiers numéros du reboot avec cinq tomes annoncés qui chacun s’intéresseront à une décade précise et s’efforceront d’en établir un panel aussi représentatif que totalement arbitraire. Confié à Fabrice Giger (oui le fils de mais aussi PDG des Humanos durant les années 90), la revue s’ouvre donc par les années 1975-1985 mais ne va pas forcément jouer la carte des incontournables, des grandes classiques immuables, mais plutôt préfére mettre en avant des curiosités et des raretés comme la première version de Arkhê, superbe délire graphique et métaphysique signé Caza que l’on peut redécouvrir ici dans sa première version publiée dans Métal Hurlant en 1982 et non dans sa version revue et corrigée qui sortira par la suite en album.
Les voyageurs venus d’ailleurs
Même sensation de redécouverte avec six courts récits imaginés et dessinés par le génial Moebius pour le magazine (mais aussi pour le copain L’Écho des savanes) et qu’on ne peut relire aujourd’hui que dans l’édition originale ou dans un recueil de 2006. Des voyages fatalistes sur des planètes bizarroïdes, d’obscures traques de chasseurs de primes de l’espace, et surtout un petit chef d’œuvre, Cauchemar Blanc, rare récit réaliste de l’artiste qui décrit avec cruauté et absurdité un triste fait-divers de banlieue toujours aussi lucide de nos jours. Au rayon des signatures « stars », on croise aussi Paul Gillon pour une réécriture SF des évangiles, les superbes et hilarantes Fariboles sidérales de Claude Lacroix, dit Alias, ou un cauchemar poisseux et métal de Nicollet, accessoirement auteur des plus belles couvertures de Métal Hurlant.
Mais Opus Humano a aussi pour vocation de republier des albums complets qui ont fait les belles heures de l’éditeur mais qui restent peut-être un peu trop méconnues aujourd’hui. On peut par exemple s’étonner de retrouver au milieu du volume le premier tome des aventures de Stéphane, Le Repaire de Kolstov du baroudeur Daniel Céppi, véritable feuilleton d’espionnage en noir et blanc au ton et à l’esthétique plus proches de l’école (A Suivre). On adhère en revanche totalement au retour d’Armalite 16 étrange voyage d’anticipation bien ancré dans les décors et les atmosphère des Hautes-Alpes, porté par le graphisme intense de Michel Crespin, son approche très personnelle de la colorisation et un sens du contemplatif entre western rural et mélancolie du terroir. L’autre indéniable bijou de cet Opus Humano est le spectaculaire La Vengeance d’Arn, grande fresque barbare imaginée par un Jean-Pierre Dionnet habité par Robert E. Howard et dessiné par un Jean-Claude Gal (Les Armées du Conquérant, La Passion de Diosamante) au sommet de son art, multipliant les compositions mythologiques, les décors sidérants et les architectures barbares. Dommage par contre qu’il s’agisse là de la version colorisée et non pas de la merveilleuse première prestations en noir et blanc de 1981.
Un véritable bond en arrière de 50 ans, au cœur des trésors des Humanoïdes Associés, de Métal Hurlant (mais pas que), avec une sélection curieuse, passionnante et très certainement sujet à débat, de pages de BD atypiques et uniques, marques de fabrique de cette très vénérable maison toujours aussi inspirée et définitivement rock’n roll. Happy Birthday !