ONCE UPON A TIME AT THE END OF THE WORLD T.1
Once Upon a Time at the End of the World #1-5- Etats-Unis – 2022 / 2023
Genre : Anticipation, Survival
Dessinateur : Alexandre Tefenkgi, Nick Dragotta
Scénariste : Jason Aaron
Nombre de pages : 176 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 26 avril 2024
LE PITCH
Voilà des jours que Mezzy navigue sur sa barque de fortune, traversant des continents de plastique fondu, évitant des abysses infernaux et des geysers de feu noir. Elle n’a pas croisé âme qui vive depuis des lunes, et ses vivres sont à présent épuisés. Elle n’a maintenant d’autre choix que d’errer dans une jungle urbaine hostile où elle espère trouver de quoi se nourrir. Mais une rencontre inattendue va tout changer. Le jeune Maceo, avec lequel elle n’a rien en commun, entre soudain dans sa vie. Vaut-il mieux parcourir une planète ravagée seule, ou accompagnée ?
Love & Thunder
L’amour c’est mieux à deux. A priori l’exploration d’un futur postapocalyptique aussi. Cet Once Upon A Time… très loin des contes de fée décrit ainsi un futur au bord de la rupture, asséché et sans vie dans lequel deux ados vont faire un bon petit bout de chemin ensemble… Malgré les monstres à tentacules, les rats affamés, le désert brulant et les attaques des Rangers de la friche.
On a beau connaitre par cœur les paysages désolés et la sauvagerie barbare des mondes d’après tant exploités depuis quelques décennies par le ciné, la littérature et les BD, mais il faut reconnaitre que celui développé dans Once Upon a Time at the End of the World (promis après on utilise un acronyme) touche le pompon dans son mélange d’horizons australiens, de villes submergées, de bestioles mutantes et d’océans de plastiques et de détritus en pagaille. Manifestement tout ce qui devait mal tourner a mal tourné…et c’est bien dommage pour Mezzy et Maceo nos deux héros. La demoiselle a malheureusement pour elle grandit au sein d’une secte de survivalistes érigeant la pensée et le décorum scout facho en modèle absolu, tandis que lui était plutôt bien protégé dans son building garni de nourriture sous vide, de livres, de technologie et de pièges de défenses. Elle connait tous les secrets de l’extérieur, lui trébuche à chaque pas, aborde l’étranger avec le sourire et manque régulièrement de se faire trucider. Un duo rapidement attachant, où l’un apprend progressivement à s’endurcir et utiliser ses hautes capacités d’inventeur et l’autre à enfin profiter de la vie et aborder le quotidien avec le sourire.
Mad Love
Beaucoup du charme de OUTEW (vous étiez prévenus), provient justement de la justesse avec laquelle Jason Aaron, autant célèbre pour sa série Scalps que pour ses nombreuses reprises Marvel (Thor, Woverine & The X-Men, Avengers…) donne corps à ses personnages, les rendant complémentaires, complices, et même épris l’un de l’autre, sans jamais tomber dans la facilité, avec toujours une petite note d’humour bienvenue dans les dialogues. Et il en faut car le récit par lui-même n’a rien de vraiment comique, cultivant quelques passages véritablement noirs et violents, voir assez durs sentimentalement parlant. Pourtant, avec l’aide des planches de Nick Dragotta (Outpost Zero, Good Asian…), l’atmosphère générale s’y ferait presque badine, comique, colorée, comme si la candeur de Maceo contaminait son environnement, le faisait presque ressembler parfois aux opus délirant et cartoon de Tank Girl. On n’est effectivement jamais très loin de la satire lorsque les fameux Rangers, totalement abrutis par la propagande de la chef Maw, se révèlent toujours aussi obsédé par la préservation de l’ordre moral, des valeurs USA et de la bonne tenue de la jeunesse, chassant encore et toujours les terribles wokistes à travers la toundra.
Ce premier tome, intitulé L’amour aux temps de la friche, se révèle être ainsi une promenade aussi dangereuse que chaleureuse, et définitivement plaisante. Elle peut aussi se montrer intrigante puisque les chapitres se closent régulièrement sur un épilogue se déroulant des années plus tard, montrant un futur plus pourri encore dans lequel Mace (et non plus Maceo) le corps meurtris et la barbe blanche, se fait torturer par des Rangers en mode Hellraiser… La vie « at the End of the World » n’est décidément pas un long fleuve tranquille.