NINGYO
France – 2022
Genre : Épouvante
Scénariste : Mr Tan
Illustrateur : Mato
Éditeur : Glénat
Pages : 208 pages
Date de Sortie : 18 mai 2022
LE PITCH
La forêt d’Aokigahara au Japon, autrement appelée “la mer d’arbres” ou “la forêt des suicidés”… Un homme y perd la vie, comme guidé par de mystérieuses créatures. Quelque temps après, Kai, son petit frère, arrive sur place, bien décidé à découvrir les raisons de sa disparition. Mais au fur et à mesure qu’il s’enfonce au cœur de cette forêt, le lieu semble se transformer… Et si la rencontre d’un humain et d’une sirène pouvait influencer l’avenir du monde ?
Le chant trompeur des sirènes
Après une première collaboration pour le conte noir Jizo, le français Mr Tan (créateur de Mortelle Adèle) et la japonaise Mato (Mes amis les Popumomos) proposent Ningyo. Un nouveau one shot qui prend l’apparence cette fois-ci d’une promenade du côté de la fameuse forêt des suicidés.
Située à Aokigahara au Japon, cette épaisse forêt a depuis longtemps mauvaise réputation, de nombreuses personnes y venant pour mettre fin à leurs jours. Un lieu qui a forcément inspiré de nombreuses histoires, romans, films ou BD et qui continue d’être entouré d’une aura surnaturelle, de nombreux témoins y ayant observée des apparitions fantomatiques, étranges lumières, ou entendu de terribles hurlements. Un terreau riche en potentiel dont s’empare Mr Tan pour ce nouveau manga qui va s’efforcer d’en offrir sa propre interprétation, en jetant une fois encore un œil informé vers les mythes et croyances folkloriques du Japon. Témoin de l’histoire, le jeune Kai y vient pour essayer de comprendre la raison du suicide de son frère, dont en apparences la vie était parfaite. Mais ce n’est peut-être pas la seule raison de sa venue, et une étrange créature, frêle jeune fille au teint blafard, va lui conter les origines du lieu et lui demander un service bien cruel.
Par la corde
Rejoignant par de nombreux détails le fameux Mermaid Saga de Rumiko Takahashi, Ningyo joue cependant beaucoup moins sur l’angoisse et l’épouvante que le précédent Jizo. Embrassant finalement surtout le désespoir du décor le récit se fait surtout mélancolique, contemplatif, s’efforçant de croiser un message plus radieux sur les bonheurs éphémères de la vie et de décrire métaphoriquement l’invasion par l’humanité sur les mondes naturels et par écho la disparition du merveilleux. Ambitieux et un peu pesant parfois dans des dialogues trop explicatifs, trop signifiants, qui empêchent la naissance d’un sentiment plus simple et poétique. Ne poussant jamais trop loin le potentiel horrifique de l’histoire, laissant le plus souvent le morbide en arrière-plan, l’album montre aussi un peu les limites de la dessinatrice, au trait presque enfantin, toujours léger et trop charmant. Une innocence qui ne contraste pas avec les évènements décrits, mais qui appuie une nouvelle fois sur les petites fadeurs d’un voyage finalement plein de bons sentiments. Ce qui aurait pu donner une petite nouvelle graphiquement agréable et gentiment irréelle s’étire inutilement et reste prostré à l’orée du bois.