Voici donc Risuka Mizukura, une jeune sorcière échappée de sa cité retranchée (et interdite aux humaines normaux) qui tente de retrouver vainement son père, grand mage qui l’avait initié aux arts obscurs et qui a transformé son corps en artefact immortel. La demoiselle aux airs de pré-adolescente peut donc imprimer sa volonté sur le temps en faisant couler quelques gouttes de sang. Se projeter plus loin dans le temps, l’accélérer mais aussi réparer son propre corps de toutes les blessures que pourraient lui faire ses ennemis. Mieux, en cas de dommages trop sanglants, elle laisse place à son moi de 27 ans, venu du futur, plus plantureuse, plus dangereuse et largement plus flippante. On retrouve ici quelques capacités de nos héroïnes à la Emi magique ou Creamy avec cette faculté de passer d’un corps encore enfantin à celui d’une femme beaucoup plus affriolante. Son look à jupette, ses poses en plein combat et son caractère, légèrement naïve mais néanmoins courageuse et intransigeante, peut aussi rappeler quelques souvenirs. Mais elle n’est pas seule, et collabore avec Kizita Kugi un jeune garçon aussi intelligent que hautain, aussi aimable en apparence qu’inquiétant à l’intérieur. Pas si loin du sociopathe manipulateur d’ailleurs, il ne voit en sa partenaire, et toute autre sorcier qu’il croiserait, qu’un pion pour son grand plan de domination mondial… Tout cela avec un sérieux indéboulonnable.

Magie du cœur ?

Pitch plutôt amusant et dévié il faut l’avouer, mais New Authentic Magical Girl semble pour l’instant la jouer en retrait, préférant se consacrer à une enquête bien trop lente autour d’un quadruple suicide dans le métro, plutôt que de véritablement discuter la connexion étrange entre les deux héros ou plus sobrement d’explorer leurs passifs respectifs. On descelle bien quelques allusions dans certains dialogues, tandis qu’un petit bonus de quelques pages revient brièvement sur la rencontre de Kizutaka avec une belle-mère peu sympathique, mais leurs caractères restent encore fluctuants et trop énigmatiques empêchant tout attachement. L’une n’est presque qu’un simple ingrédient mécanique dans la résolution de l’énigme, tandis que l’autre, assez insupportable, méritait bien une bonne paire de claques avant d’aller au lit. Auteur à succès plusieurs fois adapté en séries animées (Monogotari Series, Medaka Box) et même au cinéma (Kizumonogatari), Nishio Ishin transpose ici lui-même sa propre light novel, présentant manifestement ce premier tome comme une introduction un peu anecdotique à une trame et à un monde plus vaste et complexe (espérons-le) et à une relation ambiguë entre les deux protagonistes qui ne demandent qu’à évoluer (espérons-le aussi). En l’état, le lecteur risque de rester un peu dubitatif devant la proposition, sans doute un peu plus convaincu cela dit par les illustrations précises et et efficaces de Nao Emoto (Fragments d’elles, Blooming Girls…) retrouvant entre deux coups de cutter quelques envolées à froufrou des Magical Girls d’antan.