MURDERVALE T.1&2
Murdervale Book 1&2 – Espagne – 2017
Genre : Fantastique
Dessinateur : Vicente Cifuentes
Scénariste : Vicente Cifuentes
Nombre de pages : 52 et 52 pages
Éditeur : Graph Zeppelin
Date de sortie : 21 novembre 2023
LE PITCH
Victor et Sara traversent une période difficile. Pour sauver leur couple, ils décident de partir quelques jours sans destination en tête. En chemin, ils entendent parler d’un petit village si perdu qu’il ne figure sur aucune carte : Murdervale. Ils décident de s’y rendre et d’y prendre une chambre d’hôtel… mais Victor et Sara semblent être tombés dans un enfer. Bien plus que sauver leur couple, ils devront sauver leur vie !
Ville môôôôdite !
Quelques semaines après un Whodunnit ? a têtes d’animaux, Graph Zeppelin propose une autre création de l’artiste Vicente Cifuentes. Toujours une atmosphère bien lourde au programme mais cette fois qui s’enfonce beaucoup plus volontiers dans le récit d’horreur avec une ville maudite où il ne fait pas bon de passer ses vacances.
C’est pourtant bien le patelin qu’ont choisit Victor et Sara pour se détendre un peu. Un couple qui n’avait plus le temps de se retrouver mais qui suite à l’effondrement pour cause de grande fatigue nerveuse de monsieur, a bien décidé de recoller les bouts et de prendre un peu de bon temps. Mais comme le veut la tradition ces deux là sont tombés directement dans la gueule du loup et vont découvrir une petit ville américaine oubliée, meurtrie par un terrible passé et hantée par une présence féminine revancharde. Un décorum gothique qui évoque irrémédiablement de nombreux classiques du genre (comme le Dead Silence de James Wan), et que Cifuentes s’efforce de révéler peu à peu, jouant sur les sous-entendus inquiétants, les apparitions fugaces et des visions cauchemardesques qui pourraient tout autant être provoquées par les médicaments que prends Victor. Classique certainement, pétri aussi d’un certain amour du cinéma d’horreur des années 80-90 (avec en particulier quelques adolescents en goguette dans le tome 2) avec des relents de sorcellerie, de sectes et de descendances.
Enfants un peu perdus
Une atmosphère tout à fait intrigante, des références forcément sympathiques, mais l’artiste espagnol, surtout connu pour son travail d’encreur chez DC Comics, n’évite par certains pièges de la mauvaise série B, délivrant des dialogues pleins de maladresses, une psychologie assez peu fouillée et surtout trop changeante pour être convaincante, jusqu’à un final effectivement assez prévisible. Sans oublier un petit twist à sensation qui, comme toute série B, annonce une potentielle suite. Murdevale se décline d’ailleurs en trois albums, Le Vol du corbeau, Le Pacte Maudit et un troisième opus, L’Ultime sacrifice, attendu pour janvier prochain. Le second tome se construit d’ailleurs tout à fait comme une suite cinématographique, renvoyant sur les lieux la pauvre Sara, désormais à la recherche de son mari et de sa fille disparus depuis des mois, en compagnie d’un romancier (et de sa jeune fille… pourquoi ?) dont les textes ressemblaient étrangement aux déclarations de la femme. Pas forcément beaucoup plus surprenant, s’efforçant toujours de jouer sur sa seule et unique atmosphère macabre, Murdervale manque encore souvent de logique (mais bon dieu pourquoi ce type embarque sa fille dans une ville marquée par toutes ces disparitions d’enfants ?) et d’originalité. Même du coté des dessins, on reste un peu sur notre faim avec quelques apparitions cauchemardesque bien senties, des couleurs naturelles dans un lavis on ne peut plus crépusculaire, mais les personnages ne semblent pas toujours maitrisés, affichant parfois des traits un peu fades et absents.
Dans ce même genre de réappropriation du thriller horrifique, on penchera plutôt vers des essais de Christophe Bec et Stefano Raffaele, Pandemonium ou Sarah, bien plus éprouvants.