MISSION IN THE APOCALYPSE T.1
ウスズミの果て – Japon – 2022
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Haruo Iwamune
Scénariste : Haruo Iwamune
Nombre de pages : 224 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 10 juillet 2024
LE PITCH
Dans un monde post-apocalyptique, une jeune fille marche seule sur une terre dépourvue du moindre être humain. Sa mission : rechercher des survivants et nettoyer chaque zone visitée du fléau qui détruit le monde. Une épopée solitaire qui mènera la jeune fille à parcourir un monde magnifiquement dévasté.
Solitudes
Que reste-t-il une fois que la fin du monde est passée. Pas grand-chose manifestement. D’immenses tours de béton éventrées, des carcasses de véhicules, des lieux de vie désespérément vides et Saya, jeune fille qui poursuit inlassablement sa mission de décontamination et la recherche de possibles survivants Mais qui est-elle ?
Le manga reste volontairement évasif démontrant rapidement ses capacités de résistance hors du commun, mais n’affirmant ses origines androïdes qu’en fin de volume. Mais n’est-elle pas tout de même humaine ? On n’en sait pas beaucoup plus sur l’organisation qui l’aurait investie de cette mission sans fin, ni sur l’état plus globale du monde ou même si quelques poignées d’humains ont véritablement résisté. On n’est pas loin finalement du point de départ de Wall-E, ou Saya, accompagné d’une sorte de lapin miniatures, reste accroché à son quotidien bien rodé, à sa ligne directrice, dans l’espoir sans doute qu’un jour quelque chose se passe. Mais l’auteur Haruo Iwamune ne veut certainement pas signer un manga comme les autres, et esquive constamment cette notion d’évènements. Certes l’héroïne combat très brièvement une de ses créatures qui ont plongé la planète dans le chaos, mais n’en fera ensuite plus vraiment cas. Certes elle rencontre tour à tour une servante robot attendant le réveil de son maitre, l’IA d’un bunker sous-terrain et même un homme, ancien employé de musée, tentant lui aussi de donner une sépulture décente à ses anciens collègues, mais ceux-ci ne feront jamais drastiquement virer la narration.
Une fleur dans le béton
Une promenade contemplative dans un grand silence, dans une cité ravagée où l’on perçoit surtout tout ce qui a été perdu en cours de route, les vies tombées, l’art et la poésie disparus (très jolie chapitre dans un cinéma), les bonnes intentions… Une lecture profondément mélancolique et ce même si Saya, elle, ne semble jamais fléchir, se fatiguer où perdre espoir. On peut ainsi très facilement se faire embarquer par sa curiosité, son regard un brin naïf mais éclairé, et une forme de bonté et de générosité, même si Mission in the Apocalypse ne prend pas toujours le chemin le plus facile. Construit comme une suite de petits chapitres thématiques qui s’enchainent plus que se connectent, le manga n’affiche pour l’instant ni ligne directrice ni véritable but à atteindre qui pourraient vraiment induire une implication totale du lecteur ou une attente des tomes à venir. Il manque ici un ou deux indices plus visibles, une ou deux notes d’intentions supplémentaires, pour vraiment provoquer l’enthousiasme.
Encore totalement inconnu par chez nous le mangaka affirme en revanche totalement un graphisme extrêmement précis sur les décors, les finesses d’architectures ou les détails même de la contamination minérale (belle idée que ces cristallisations d’ailleurs) et le fait contraster avec un design beaucoup plus simple et léger sur les personnages, les faisant ressortir dans chaque case, soulignés par des arrière-plans souvent gris et striés. Quelques petites taches de vie dans un monde de morts.