Il fallait sans doute effectivement une petite pose après la fin des évènements de l’imposante saga Shattered Grid et surtout le départ du scénariste Kyle Higgins qui aura effectivement réussi à redonner une sacrée impulsion à la licence en BD. Avant la reprise en main par Marguerite Bennett et le lancement du story-arc Beyond the Grid, Vestron reprend donc dans un même volume les numéros spéciaux et anniversaires qui auront complété la série principale : les annuals des années 2016 et 2017, le grand fascicule anniversaire des 25 ans publié en 2018 mais aussi celui des 30 ans publié en 2023. L’idée à chaque fois était d’ailleurs plus ou moins la même : proposer de nombreuses histoires courtes, plus ou moins intégrées dans la chronologie connue, et surtout laisser les coudées franches à de nouvelles signatures. On retrouve cependant Kyle Higgins a trois occasions, la première contant la semaine bien charge du Ranger rouge entre entrainements, judo, devoir et combats contre le mal, la seconde montrant comment Tommy a fini par accepter la proposition de Rita Repulsa et devenir le futur Drakkon, la troisième pour une première rencontre entre Rouge et le mythique Ninjor, mais le reste est laissé aux invités.

Y’en a un peu plus je vous l’mets quand même ?

Scénaristiquement cependant entre les petites péripéties en vacances (que ce soit pour les Ranger ou leurs ennemis), quelques origin story un poil dark (Goldar et Finster), des confrontations à la manière de la série tv ou des détournements plus franchement comiques, pas grand-chose ne ressort vraiment du lot. Les historiettes d’une dizaine de pages sont souvent bien classiques mais se lisent rapidement. L’intérêt véritable de cette anthologie est plutôt à chercher du coté des performances visuelles et des styles originaux ou tranchés des illustrateurs qui se passent le relais. L’excellent Dan Mora (Go Go Power Rangers) met forcément tout le monde à l’amende dans le pourtant très oubliable « Les Vacances de Trini » en assurant par son coup de crayon racé et dynamique un sens du spectaculaire percutant, mais on peut aussi carrément craquer sur l’approche plus « européenne » de Gabriel Cassata (Hexed) dans « Ce qui fait le Ranger, ou les peintures bien sombres de Frazer Irving (Bedlam, Silent War) sur « Chef d’œuvre ». Le reste est visuellement toujours de qualité, même sur les aventures complètement crétines de Squatt & Baboo, bouffons bien connus des fans, mises en valeurs par le style comique énergique de Bachan (Rocket Salvage, Bill & Ted Save The Universe).

Pas forcément le volume le plus indispensable de la collection soit. A moins de fondre à l’évocation du mariage de Tommy Oliver et Katherine Hillard, ce Lost Chronicles n’apportera pas grand-chose à la grande histoire des Power Rangers, mais garde les charmes d’une galerie de propositions plus ou moins enthousiasmantes et offre, ouf, son lot d’action aux accros.