On retrouve donc la mascotte de Disney dans un monde rétrofuturiste fait de jolies fusées, de navettes volantes, de buildings colorés, dans une Mickeyville réinventée pour l’occasion. Une vision de l’avenir que l’on avait pu parfois plus ou moins croiser dans les pages de Mickey Parade ou autres, mais que John Pilet (Ninn) approfondit considérablement, s’attardant volontiers sur ses designs pulps, ses costumes de vieux strips à la Flash Gordon, baignant le tout dans une colorisation à l’ancienne retrouvant ostensiblement les tramages d’autrefois. Comme beaucoup de volumes de la collection Mickey & Cie, ce nouvel album joue véritablement sur la sensation d’une aventure oubliée ou retrouvée, très marquée par le style graphique arrondi et dynamique de l’école italienne. Pas vraiment étonnant alors de croiser une belle pléiade de vieux méchants, s’associant pour l’occasion afin de créer une confrérie dans le but de contrôler la ville (et pourquoi pas le monde), mais aussi ce curieux ami extraterrestre Iga Biva, certes crée dès 47 par les auteurs américains, mais qui fera surtout flores dans les années 70/80 chez les voisins transalpins.

Cheese out of space

Une nouvelle Madeleine de Proust pour les plus vieux lecteurs, mais avec cette énergie et cette narration enlevée plus moderne qui fait de la lecture un très sympathique divertissement. Bourré de gadgets totalement improbables (les capsules pour rétrécir, les robots géants avec leurs piles tout aussi géantes, les sous-marins furtifs…), de personnages haut en couleurs où se réunissent l’indécrottable super-team formée par Donald, Minnie, Dingo et Pluto, et de poursuites aux nombreux rebondissement, Mickey contre l’Alliance Maléfique s’adjoint aussi la participation du copain de la comédie pirate Ratafia à l’écriture. Nicolas Pothier (Robfox & le voyage du Souvnhir, Les Nouvelles aventures de Sarkozix…) donc, qui sur un canevas effectivement très oldies et nous rejouant l’inlassablement combat, pas trop méchant, du bien contre le mal, en rajoute volontiers sur la bêtise de la mauvaise troupe, toujours prête à se trahir à la moindre occasion, sur la fainéantise de Donald, sur l’héroïsme aveugle de Mickey et dispose généreusement des dialogues bourrés de clin d’œil et de jeux de mots assez irrésistibles, et parfois aux lisières de la parodie, il faut bien l’avouer. L’aventure et les petites bagarres plairont au plus jeunes, les échanges bourrés d’ironie et de références offriront effectivement un petit plus au plus grands.  

Encore une réussite très sympathique pour ces Mickey « made in France », toujours soignés et surtout imaginés avec un plaisir manifeste par des auteurs qui ont dû passer de nombreuses années à s’échanger les Journal de Mickey et autres périodiques à la récré.