MÉTAL HURLANT n°6
France – 1975 / 2023
Genre : Science-Fiction, Fantastique
Dessinateur : Moebius, Alias, Tripp, Jacques Tardi, Philippe Druillet, Frank Margerin
Scénariste : Paul Gillon, Serge Clerc, Nikita Mandryka, Rodolphe, Jean-Pierre Dionnet, Philippe Manoeuvre
Nombre de pages : 272 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 22 février 2023
LE PITCH
Mœbius, Jean-Michel Nicollet, Nicole Claveloux, Serge Letendre, Philippe Caza, Alias, Sergio Macedo, Serge Clerc, Denis Sire… autant d’auteurs – et bien d’autres ! – dont les récits ont marqué l’histoire de la bande dessinée de science-fiction. Retrouvez des histoires mythiques qui ont fait la renommée du magazine, accompagnées d’un appareil critique concocté par des rédacteurs aussi spécialistes de Métal Hurlant qu’ils en sont passionnés.
Les maîtres du temps
Après le grand voyage vers les mondes virtuels du Metavers dans le précédent numéro, retour vers le passé du futur avec un nouveau recueil vintage avec quelques-uns des nombreux trésors de l’âge d’or de Métal Hurlant.
Ce qu’il doit d’ailleurs être difficile pour Jerry Frissen et son équipe rédactionnel de choisir parmi les milliers de pages de la première mouture de la mythique revue ! Tant de signatures, tant de grands récits, d’expérimentations uniques, d’œuvres en marges et de reflets d’une époque, que la sélection doit sans doute prêter à quelques débats. Forcément, les deux incontournables que sont Moebius et Druillet, sont inévitablement à nouveau de la partie avec une pochade spatiale toujours efficace pour l’un et le retour en grande pompe de Lone Sloane dans Gail pour l’autre. Deux monstres sacré à la patte graphique imposante et éclatante mais qui ne doivent surtout pas éclipser les signatures d’autres habitué presque aussi glorieux comme Caza et son poème graphique et érotique Sanguine, Alias et son Space Opera grandiose mais où tout n’est réduit qu’à un jeu de plateau ou Nicollet et sa romance perverse entre une femme et son familier robot. Mais dans le présent volume c’est le témoignage d’une ouverture progressive de la revue vers autre chose que l’unique science-fiction qui marque le plus.
Rock & potes
Témoignage entre autre de l’arrivée de Philippe Manœuvre au sein de l’équipe, avec un voyage détourné par le roman noir pathétique dans Nid d’espions à Alpha-plage par Serge Clerc, la chronique amusée sur les coulisses de la rédaction par le grand Paul Gillon, mais aussi et surtout une forte propension à s’engouffrer dans la culture rock, loubards et santiags comme viennent le concrétiser les premières apparitions du sauvage rat Kebra par Tramber et Jano et bien entendu du fameux Lucien de Frank Margerin. Cerise sur le gâteau ces deux là s’offrent même un crossover avec les Closh de Dodo et Ben Radis en prime, pour quelques planches bien foutraques dessinées à six mains ! Des pages rarissimes et donc précieuses à l’image du cadavre exquis de 25 pages réunissant en 1977 le gros de l’équipe Métal Hurlant autour d’un voyage délirant sur la planètes touristique Paradis 9. Une liberté de création et d’expérimentation qui frappe toujours autant aujourd’hui et qui continue d’être retracée aussi au travers d’articles très complets sur l’évolution de la revue et de ses antennes éditoriales, ses inlassables soucis avec la censures, la naissance de l’homologue Heavy Metal, mais aussi d’être racontés par les témoignages directes de Serge Clerc ou des maquettistes Charles Buxin et Pascal Guichard.
Un menu toujours aussi généreux et copieux qui s’ouvre d’ailleurs sur le seul et unique récit de science-fiction illustré par Tardi, Polonius sur un texte de Picaret, faux péplum particulièrement mémorable dont on regrette seulement le peu de pages existantes. Hier comme aujourd’hui, Métal Hurlant a toujours été « the place to be » pour les amateurs de bonne bédé.