MÉTAL HURLANT HS 2 : SPÉCIAL CHAT
France – 2024
Genre : Science-Fiction
Dessinateurs : Zoran Janjetov, Lucas Varela, Chabouté, Ole Comoli, Pixel Venger, Seera, Manolo Carot, Nancy Pena, Nir Levie, Laurent Lefeuvre, Joko, Zelba…
Scénaristes : Diego Agrimbau, Peter Snejbjerg, Jean-Luc Cornette…
Nombre de pages : 272 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 24 avril 2024
LE PITCH
Les chats, ces créatures gracieuses et mystérieuses, sont omniprésents dans notre vie quotidienne. Leur présence, bien que familière, cache un mystère profond. Qui a vraiment choisi qui ? Leur indépendance et leur présence insaisissable nous font nous interroger sur leur véritable nature. Sont-ils simplement des animaux de compagnie ou y a-t-il autre chose… ? Tentons de résoudre l’énigme des chats, ces créatures gracieuses qui ondulent dans nos vies…
à s’en lisser les moustaches
Pour fêter le non-anniversaire des presque 50 ans de la revue, le second Hors Série de la troisième génération de la revue Métal Hurlant s’offre un rédacteur en chef historique : Jean-Pierre Dionnet himself. Et comme le monsieur n’a rien perdu de son sens de l’incongrue et de la liberté, il consacre le pavé de 272 pages aux chats. Rock’n’roll ?
Bien entendu, les hors-série thématiques, c’est une vieille tradition chez Métal Hurlant qui connu alors des sujets aussi rassembleurs et inspirants que le Rock, L’automobile, La guerre ou les robots. Alors pourquoi en 2024 un numéro spécial Chats ? « Pourquoi pas ? » a répondu Mr Dionnet à Jerry Frissen qui forcément a fini par se plier aux petits caprices légitimes du fondateur du magazine. Et puis lui comme les autres dessinateurs, ou presque, ont tous un chat. Une créature qui n’est pas qu’une peluche mignonne et gaffeuse que l’on expose en large et en travers sur les chaines tiktok, mais qui reste surtout un animal insaisissable, indomptable, jamais véritablement domesticable et qui finalement nous dresse plus qu’il ne se plie aux règles de la maison. Saloperie à qui on est obligé d’ouvrir pour la 43eme fois de la journée la porte de la cuisine, subissant ses miaulements incantatoires et mystiques (excellente analyse graphique de Pixel Vengeur dans sa BD La Confrérie). Le pavé déploie ici un regard largement transversal sur ce second meilleur ami de l’homme en compilant des articles sur le jeu vide Stray, sur les séries du Chat du Rabbin de Sfar ou Blacksad, sur l’album culte Les Yeux du chat de Moebius et Jodo, en livrant quelques analyses sur la figure du chat au cinéma, dans la littérature SF ou plus généralement dans le folklore japonais et se fend même d’une interview de Philippe Geluck, créateur du Chat. Logique. Une nouvelle inédite de Richard Marazano, Le Dernier chat et de superbes tableaux au noir et blanc éclatant signés Chabouté viennent aussi ponctuer l’expérience.
De poils et de griffes
Comme toujours le cœur de Métal Hurlant reste la bande dessiné, inventive, originale, créative, percutante et toujours variée où finalement chacun aborde le thème félin à sa manière. Quelques trips peints à la main, croisant quelques matous en partance pour les mondes au-delà de notre perception ou provenant déjà d’un ailleurs, entamant inexorablement la conquête de notre civilisation…. Mais n’ont-ils pas toujours été là ? Avec son noir et blanc hachuré Joko signe même un croisement ironique de Planète sauvage et La Planète des singes, là où Diego Agrimbeau et Lucas Varela imaginent dans C’est pour ton bien la vengeance bien cruelle d’un chat alien à qui des maitres bien intentionnés ont coupé les roubignoles. Fatale erreur. Étrangement (?), il est aussi souvent question de l’aspect ésotérique de l’animal (Chat-man, de Grégory Panaccione, Le Chant du Monocorde de Hai-Anh et Pauline Guitton, Exorcist Eve de Miran kim, Cosmo de Sergio Vanello) que de ses cotés les plus cruels, agent de destructions et fervent ordonnateur du chaos. Dans Zannen de Nancy Pena, le mignon chat blanc aux poils longs a pris la fâcheuse habitude de provoquer la mort des touristes curieux qui viennent rapidement habiter à leur tour sa gare fantôme ; Dans Serial Kitten de Jean-Luc Cornette et Seera, avec un style presque gentiment cartoon, on rencontre un petit chaton aux instincts de chasseur démesurés et un vieux matou qui a découvert les joies destructrices de l’informatique ; Dans Katatomik, le nouveau petit bijou de seulement 3 pages de Janjetov, un monstre organique géant ravageant la cité reçoit l’aide inespérée de Mademoiselle Shmink et de son robot géant à moustache. Mais l’album ne serait certainement pas complet si ce Métal Hurlant n’essayait pas de s’approcher discrètement de cette terrifiante femme-chat, prédatrice réaffirmant sa libération et ses pulsions primaires en dévorant ses partenaires (Minou-minou de Brouette Hurlante), en faisant tourner en bourrique ses amants devant ses fantasmes assouvis (le très sexy L’Inconnue du lampadaire de Zelba) ou en se transformant en héroïnes maquée vengeresse sous la plume du talentueux Laurent Lefeuvre, créateur du super-héros breton Fox-Boy.
Toutes les couleurs du chat et ses multiples facettes réunies dans presque 300 pages de bédé (et plus) méchamment denses, des dizaines d’artistes et de collaborateurs inspirés… Métal Hurlant voit encore et toujours en grand et célèbre comme il se doit ce petit tigre commun mais toujours un peu sauvage qui traine dans nos pattes (il le fait exprès), lacère nos canapés et fait tomber tous les vases de la maison. Et comme toujours même pas un « miaou » de remerciement. C’était un communiqué du C.C.C.