MEKKA NIKKI T.1
France – 2016 / 2024
Genre : Science-Fiction, Aventure
Dessinateur : Félix Laurent
Scénariste : Exaheva
Nombre de pages : 224 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 03 avril 2024
LE PITCH
Une terrible malédiction s’est abattue sur le village de Nikki, pétrifiant un à un ses habitants. Sans nouvelles de son père depuis plus de dix ans, elle s’élance à son tour à la recherche d’un remède par-delà la forêt, un territoire infesté de créatures effroyables. Dans sa quête désespérée, elle est recueillie par une communauté qui se défend contre les attaques d’une planète lointaine. Aidée de ses jambes mécaniques et d’un petit robot facétieux, Nikki décide de se battre à leurs côtés et se découvre des pouvoirs insoupçonnés…
Nikki contre les machines
Les auteurs peuvent parfois être aussi aventureux que leurs héros. Ainsi Exaheva et Félix Laurent ont montré autant d’acharnement à faire exister leur petit bébé que Nikki à traverser le no man’s land à la recherche de son père. Tant d’efforts mérite forcément qu’on y jette un œil.
Mekka Nikki n’est ainsi pas une œuvre aussi jeune qu’elle y parait puisqu’elle a connu sa première publication en 2015 dans les pages du fanzine Phobia, avant de passer au format relié dès 2020 du coté de l’éditeur Vide Cocagne. Une maison qui a malheureusement mis la clef sous la porte en cours de route. Mais ce n’était pas la fin du parcours puisque Les Humanoïdes Associés, éditeur toujours curieux et adepte des expérimentations, a repris le flambeau permettant même à ses créateurs d’effectuer dans la foulée quelques petites modifications pour améliorer les planches. Presque une version Redux en sommes, prévue en quatre volumes, et qui retrouve parfaitement l’énergie des petits reliés trouvables autrefois en kiosque, ou des mangas les plus fébriles. C’est que la narration d’Exaheva ne laisse pas vraiment de temps morts, et ce dès la première page, s’engouffrant presque immédiatement dans la grande quête de son héroïne, espérant trouver au-delà des lointaines collines une réponse à la mystérieuse malédiction qui frappe son village. Comme un virus qui transforme les habitants en pierre et dont la recherche d’antidote avait déjà poussé son paternel à quitter le foyer pour ne jamais revenir.
Adventure Time
Naturellement une fois traversé la forêt et le désert, rencontré Edoa, un être court sur pattes mais redoutable archer, et affronté quelques monstres nocturnes et un robot surarmé, notre aventurière va vite se rendre compte que le monde est bien plus vaste que prévu. A la manière d’un conte initiatique à la Miyazaki (voir Conan le fils du futur), Mekka Nikki laisse donc progressivement découvrir un univers plus large et complexe qu’il n’y parait, et une menace à l’échelle nettement plus globale. Cette découverte se fait cependant toujours en quatrième vitesse, rapidement éludée par quelques dialogues, le plus souvent en pleine poursuite ou au milieu d’une scène d’action, donnant l’impression trompeuse qu’il n’y a rien de plus naturel dans tout cela. Les personnages sont plutôt attachants, souvent fantaisistes comme ce petit robot mixeur qui se révèle aussi doué pour faire de la soupe que du carburant bio, et l’ensemble conserve une tonalité légère, familiale, même si l’arrière-plan peut distiller quelques touches plus sombres. L’inspiration manga se ressent aussi énormément du coté des dessins de Félix Laurent, mais on peut tout autant reconnaitre dans ces corps presque mous et se déformant dans l’agitation, des traces des premiers cartoons en noirs et blanc. D’ailleurs c’est plus souvent le mouvement que le détail qui habite les cases un peu fragiles de l’illustrateur.
C’est sans doute ce mélange de dynamisme et de fraicheur qui a dû motiver le studio Dada ! Animation qui travaille actuellement sur une adaptation animée avec une première saison de 13 épisodes. Entre ça et la présente réédition des Humano, voici la preuve que l’acharnement ça paye.