MÉGALODON
France – 2023
Genre : Aventure
Dessinateur : Paolo Antiga
Scénariste : Christophe Bec
Nombre de pages : 104 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 4 octobre 2023
LE PITCH
À l’ère du Miocène, un jeune mégalodon cherche à récupérer la place de chef qu’occupe « le balafré ». Mais ce dernier est violent et rusé, et le jeune mégalodon se retrouve rapidement exclu de son groupe. Il doit désormais apprendre à survivre seul, dans un océan peuplé de mille dangers.
The Meg
Déjà éditée par Les Humanoïdes Associés, la vaste série mêlant thriller, science-fiction et aventure Carthago avait débuté en 2007 par l’apparition de nos jours d’un monstre des mers oubliés : le Megalodon. En attendant un nouveau diptyque de cette série prévue pour l’année prochaine, Christophe Bec retourne à l’aube des temps pour conter la vie sauvage et dangereuse de cet ancêtre gigantesque du requin.
Il est important de noter que le présent album ne figure pas de sous-titres ou d’informations nette à la série Carthago. Les liens qui existent entre Mégalodon et cette dernière ne se relève qu’en filigrane (le nom « le balafré », un épilogue durant la préhistoire…) et ne parasitent jamais le concept même de cette nouvelle création : raconter la survie constante d’un jeune mégalodon durant le Miocène. Une créature dont les seules motivations sont d’avancer, se nourrir, se reproduire et continuer à vivre. Au départ rattaché à une meute sous l’égide d’un mâle alpha belliqueux, cette machine à dévorer va se retrouver seule, affronter des créatures plus imposantes et encore plus meurtrières que lui comme un Léviathan, un deinosuchus (ancêtre géant du crocodile) et même un serpent des mers plus fantaisiste, et finalement tenter de se reprocher de la fière femelle croisée dans les eaux profondes. Comme un documentaire animalier, mais qui voyagerait dans le temps s’efforçant de refléter le monde marin tel qu’il était à l’ère des dinosaures.
Géant blanc
Un ton particulier et assez rare dans la bande dessinée, que Christophe Bec combine avec une personnalisation très poussée de la créature car celle-ci est bel et bien narratrice de l’histoire. Une voix off, mentale, mais qui ne fait jamais l’erreur de donner trop de motivations, trop d’intelligence à son personnage, reflétant surtout ses pulsions essentielles, sa réaction face au danger ou face aux nombreux inconnus qui se dressent sur son chemin. Artiste italien, Paolo Antiga a déjà été croisée du coté de l’éditeur Petit à Petit, spécialiste de l’institutionnel, pour lequel il avait signé un album dédié à la ville de Strasbourg, des Histoires incroyables des jeux Olympiques ou un Guide de la Corse en bandes dessinées, affirmant un style graphique extrêmement réaliste et précis. S’offrant forcément plus de latitude pour explorer son art, le dessinateur découpe le voyage avec une très belle amplitude, jouant à merveille sur les rapports d’échelles, mettant autant en avant la beauté immense des océans, ce fameux grand bleu ici bien sombre, et la fureur des batailles sauvages entre ces multiples représentants du sommet de la chaine alimentaire.
Une odyssée inédite et spectaculaire qui avance impitoyablement tout au long de sa centaine de pages, preuve que Christophe Bec n’a pas forcément besoin de complots planétaires et de menace apocalyptiques pour assurer son savoir-faire.