LOVECRAFT INFESTATION
Infestation 2 : The Transformers #1-2, Teenage Mutant Ninja Turtles #1-2, G.I. Joe #1-2, 30 Days of Night #1 – Etats-Unis – 2012
Genre : Fantastique
Scénaristes : Chuck Dixon, Tristan Jones, Mike Raicht, Duane Swierczynski
Illustrateurs : Guido Guidi, Mark Torres, Valentine de Landro, Stuart Sayger
Editeur : Vestron
Pages : 176 pages
Date de Sortie : 16 novembre 2021
LE PITCH
Au Pôle Nord, les vampires de 30 Jours de Nuit sont encore plus flippants que d’habitude… Les égoûts de New-York réservent de sombres rencontres aux Tortues Ninja Raphael, Leonardo, Michelangelo et Donatello… Optimus Prime et Nikola Tesla affrontent des forces obscures dans une histoire qui fait suite à l’album Transformers : Hearts of Steel… et Cobra joue avec les puissances occultes pour booster ses forces contre G.I. Joe…
Le comic tombé du ciel
Les grands anciens sont partout. Les dieux géants et les cultes obscures imaginés par H.P. Lovecraft se lancent même dans une invasion globale de grandes licences aussi populaires que TMNT ou Transformers. C’est ce qu’on appelle la magie (noire) des comics.
Heureux propriétaire de tonnes de licences de la culture pop, voire carrément geek, IDW s’était amusé en 2011 à produire un premier crossover improbable entre ses têtes de proues avec le premier Infestation. Les Ghostbusters ou l’équipage de l’Enterprise devaient alors y faire face à des armées de zombies venues de dimensions obscures. Fort de son succès éditorial, la firme proposa dès l’année suivante un bien nommé Infestation 2 où cette fois-ci la menace serait héritée de l’esprit malade du poète noir de Providence. Cthulhu, les abominations de Dunwich, Shub Nigurath et autres bestioles tentaculaires jettent leur dévolu sur des univers BD qui n’en avaient sans doute pas demandé autant. Vestron en propose ici une traduction partielle, laissant de côté les évènements liés à CVO (inédit en France), Dungeons & Dragons, et le one-shot comique, pour se concentrer sur les branches les plus aguicheuses : les Tranformers, Les Tortues Ninja, les G.I. Joe et, 30 jours de nuit. C’est ce dernier qui ouvre donc l’album français avec un remake de Les Montagnes hallucinés où une journaliste aventurière doit faire face en même temps à une créature séculaire oubliée dans la glace et à une armée de vampires de l’est. Un cours récit un poil anecdotique mais avec une petite dose de poésie gothique parfaitement délivrée par l’illustrateur Stuart Sayger (Kiss).
Du bruit dans les pages
Plus étonnants, les deux chapitres de G.I. Joe offrent une place de choix aux agents les plus psychotiques et dangereux de Cobra, manquant de provoquer l’apocalypse en activant une statue à effigie de Chthullu. Une Suicide Squad maison qui a tendance à se tirer dans les pattes et bien entendu à se cacher le plus important malgré une base qui s’effondre sur elle-même. Pas toujours des plus percutants visuellement, mais au moins le script de Mike Raicht (Marvel Zombies) tient plutôt bien la route dans son mélange d’ambiance paramilitaire et de sorcellerie. On ne peut malheureusement pas en dire autant de l’intervention des Transformers, maladroitement dessinée par Guido Guidi, dans laquelle le vétéran Chuck Dixon (Moon Knight, The Punisher War Zone, The Batman Chronicles…) rejoue la bataille Autobots / Decepticons en pleine révolution industrielle. Une « suite » de la mini-série Hearts of Steel mais où bien entendu viennent s’inviter quelques créatures aquatiques façon Dunwich… et Tesla. Cela fait sans doute un peu trop, surtout que les géants de métal vaguement organiques et tentaculaires ne convainquent jamais vraiment. Les grands gagnants du volume sont certainement les Tortues Ninja, sans doute parce qu’affronter quelques bestioles dégueulasses échappées des égouts fait partie de leur quotidien. Sans grands efforts Tristan Jones capture l’esprit de la bande et la dote d’une atmosphère pulp à la Hellboy que retranscrit avec ferveur Mark Torres (Judge Dredd, Jinnrise).
Une lecture en dent de scie mais jamais vraiment déplaisante à laquelle il manque tout de même une vraie logique globale, du lien, pour dépasser son statut de petite expérience lovecraftienne.