L’HUMANITÉ INVISIBLE
Chine – 2021
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Liu Wei
Scénariste : Liu Wei, Pan Zhiming
Nombre de pages : 78 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 7 juin 2023
LE PITCH
Depuis la confirmation d’un terrible flash d’énergie solaire, des dizaines de navettes spatiales avaient embarqué le maximum d’espèces terrestres, parties en quête d’un astre habitable. Notre unique et dernière solution pour perpétuer la vie. Et aujourd’hui, le Précurseur revenait enfin, seul survivant, après des années-lumière d’exploration. Dans quel état allait-il retrouver la Terre ?
Perspectives
La grande collection de BD inspirée des textes les plus célèbres de Liu Cixin s’approche de la fin avec le présent 13ème tome. Adapté et illustré par le compatriote Liu Wei, L’Humanité invisible confronte à nouveau le lecteur à un avenir aussi improbable que crédible, mais au-delà de la démonstration, l’album n’a pas forcément le souffle escompté.
Dans un avenir proche des scientifiques découvrent l’imminence (à l’échelle cosmique) d’une déflagration solaire qui anéantirait toute vie sur terre. Des stations spatiales, véritable arche de Noé contenant graines et embryons de toutes les espèces vivantes, partent en quêtes de nouvelles planètes habitables. 25000 plus tard, seule l’une d’elle revient, avec un unique survivant à son bord qui découvre effectivement une planète ravagée, immense bloc sans vie qui flotte à travers l’espace. De la vie, il y en a pourtant, mais pas comme lui ou le lecteur, n’avaient pu l’imaginer. Une nouvelle forme d’humanité plus apte à survivre malgré tout, plus apaisée et avec laquelle il va peu à peu remonter le fil des évènements et découvrir un renouveau possible pour l’avenir de la planète. Avec L’Humanité invisible, Liu Cixin travaille comme toujours une extrapolation essentiellement basée sur des faits et des recherches scientifiques existantes. Il y a forcément un soupçon de science-fiction plus libre, mais la toile de fond utilisée est terriblement crédible.
La fin et le commencement
En particulier lorsqu’il scrute à la fois les causes possibles d’une disparition de l’humanité mais aussi une incapacité profonde à rejeter la peur et la violence au profit de la compréhension et de la solidarité… du moins avant que notre espèce se retrouve au pied du mur. Le récit est solide, les réflexions profondes et intrigantes, mais l’adaptation de Liu Wei (Je suis le gardien de mon frère, Chronique de Pékin) aidé d’un certain Pan Zhimming pour le texte, lui reste clairement trop fidèle s’accrochant aux nombreuses explications et aux longs dialogues au détriment d’une narration plus visuelle et plus économe. Ainsi après une première vingtaine de pages qui installent avec brio la situation, la lecture s’enlise quelques peu et ne fait que diluer des thématiques et des optiques déjà exposées. Pas d’action, pas de suspens, pas de tension, peut-être effectivement pas la nouvelle de Liu Cixin la plus évidente à adapter à un format visuel. Pourtant Liu Wei, au style ultra réaliste et fouillé, aux visions technologiques et spatiales particulièrement solides, a la bonne idée de faire trancher son style classique avec des éléments beaucoup plus naïfs, colorés et proches du manga japonais dans leurs contours et leurs attitudes. Ce contraste constant entre deux mondes vient admirablement mettre en exergue cette fracture entre deux humanités incomplètes et le message d’espoir qui nourrie les dernières pages de L’Humanité invisible. Un album un peu mineur mais au message humaniste bien entendu encore et toujours d’actualité.