Cela fait déjà plus de dix ans (en 2011 pour être exact) que la nouvelle version comic des Tortues Ninja a été lancée chez IDW avec aux commandes le duo formé par le créateur originel Kevin Eastman et le sang neuf Tom Waltz. Un reboot complet qui en plus de faire entrer les personnages dans une modernité plus concrète, réorganisait totalement l’histoire des tortues, de leurs acolytes à leur ennemi, construisant peu à peu un immense feuilleton palpitant autant qu’une relecture beaucoup plus ambulante que leurs pendant télévisés ou cinématographiques (merci Michael Bay…). Un joli succès éditorial qui a permis à l’équipe de mener à bien toutes ses ambitions jusqu’à un numéro anniversaire inespérée (le 100^ème tout de même) ou finalement tout ou presque arrivait à la conclusion attendue, dans un tableau aussi dramatique qu’apocalyptique… Avec, entre autres, la mort inattendue de Splinter et la libération du fameux mutagène sur une grande partie de la population de New York, humains et animaux. Déjà forte d’une bonne quinzaine de participations comme coscénariste et dessinatrice de certains de ces épisodes, Sophie Campbell est désormais seule maitresse à bord, mais si elle entend bien embarquer la série vers de nouvelles directions, elle reprend bien évidemment les évènements directement là où ses prédécesseurs l’avaient laissé.

Les nouveaux justiciers

Soit un contexte post-apocalyptique inédit pour les Tortues, où tout comme Jenny ancienne disciple de Splinter transformée à son tour en tortue (la 5ème tortue ninja c’est elle !), les habitants de la ville sont désormais presque tous des créatures mi-humaines mi-animales et ne sont bien entendu pas tous bien intentionnés. Problème, nos chers héros sont plongés depuis des mois dans la dépression suite à la disparition de leur « père » et ne se parlent quasiment plus. Si l’action est bel et bien présente dans ce premier tome de Reborn, elle reste au second plan, la narration faisant la part belle aux personnages, à leurs questionnements, leurs remises en question et l’arrivée de nouveaux personnages. Il est clair que Donatello, Michelangelo, Leornardo et Rafael ne seront plus les seuls protagonistes de la série, Campbell étoffant leur entourage dans le sillage de Jenny, avec love interest, jeunes disciples voir orphelins adoptés, et avec au passage un fort accent féminin. Il est plus que jamais loin le temps des pizzas, des grosses blagues et du breakdance sur carapaces, et les tortues désormais toujours vêtues affirment leurs personnalités loin des clichés d’autrefois. Une tendance tout aussi marquée du coté des planches aux dessins très fins, aux justes rondeurs et a la douce expressivité d’un anime, qui mettent là encore l’accent sur les nombreux personnages qui composent cette nouvelle réalité pour les Tortues Ninja.

Un premier tome en forme d’introduction, qui prend son temps pour installer le nouvel équilibre entre la petite bande et la voie vers laquelle ils vont se diriger, mais qui affiche d’ores et déjà un charme indéniable et un ton accrocheur.