LES SONGES DU ROI GRIFFU T.2 : LA DAME DE LA TOUR
France – 2024
Genre : Fantasy
Dessinateur : Maïlis Colombié
Scénariste : Cyrielle Blaire
Nombre de pages : 76 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 17 janvier 2024
LE PITCH
À la mort du Seigneur de la Tour, son frère prend possession du château. Absalon a tôt fait de vouloir mater tout esprit de rébellion chez sa sœur Elaine et organise un grand tournoi pour la marier. Celui qui rapportera la légendaire épée du roi Léoden gagnera sa main. Mais au fil des épreuves, un chevalier inconnu se distingue…
La princesse à l’épée
Très belle surprise du début de l’année 2022, Les Songes du roi griffu avait révélé les talents évidents de deux toutes nouvelles signatures : Cyrielle Blaire aux textes et Maïlis Colombié aux dessins. Deux ans après voici enfin le très attendu second tome… toujours aussi enchanteur.
Un deuxième tome manifestement longuement fignolé et muri par ses créatrices dont on plonge à nouveau ce très séduisant mélange de classicisme éprouvé et de modernité. Un royaume d’Heroic Fantasy tirant vers le médiéval à priori bien établi et exploré de nombreuses fois dans la fiction, où l’on retrouve même par ce tournoi organisé par un frère misogyne pour trouver un époux pour sa sœur bien trop aventureuse, des traces de contes bien connus. L’issue en est même relativement prévisible. Mais cet univers qui pourrait être trop confortable est constamment remis en cause justement par la mythologie précautionneusement mise en place depuis le premier album. Ici encore les évènements s’enchainent à vitesse grand V entre jeux de pouvoir et de cours, duels entres chevaliers, quêtes d’une épée magique oubliée dans un tombeau maudit, mais tout peut rapidement glisser sur un terrain beaucoup plus onirique et insaisissable.
Voyage en souvenirs
Les liens avec certains évènements du précédent Les Fils de l’hiver peuvent se faire plus évidents, mais surtout le mystère de la trame de fond, de l’omniprésence de ce Roi griffu et d’un inquiétant sorcier, se fond plus épais et intriguant de pages en pages. Suivant toujours le jeune Owein, devenu garde à la cour mais quettant le moindre indice sur la disparition de sa sœur, et la princesse Elaine, elle en quête d’indépendance, Cyrielle Blaire entraine à nouveau le lecteur dans un feuilleton palpitant, entre récit initiatique et fresque guerrière ensorcelée. On s’attache définitivement aux personnages et on se prend au jeu de cette grande histoire que ne semble en être encore qu’aux débuts, et on succombe certainement plus encore aux planches incroyablement maitrisées de Maïlis Colombié. Elle y compose des décors fouillés et évocateurs mais qui ne souffrent jamais sous la surcharge de détails, une ligne relativement simple mais dynamique et expressive qui donne à l’ensemble une petite patine comic. Un jeu de textures et d’aplats qui est d’ailleurs bien aidé par les couleurs très inspirés de Drac (Aya de Yopougon, La Brigade des cauchemars…), fioritures finales d’un tableau décidément bien riche.
La petite attente en valait bien la chandelle. La surprise passée, ce La Dame de la tour confirme admirablement les qualités de Les Songes du Roi Griffu et de ses deux créatrices. Espérons que le troisième album arrivera un tout petit plus vite…