LES MOTS POUR LE DIRE
Italie, France – 2023
Genre : Érotique
Dessinateur : Elena Ominetti
Scénariste : Jerrert
Nombre de pages : 48 pages
Éditeur : Tabou BD
Date de sortie : 20 octobre 2023
LE PITCH
Désir, adoration, exhibition… des mots chuchotés à l’oreille pour exprimer nos fantasmes les plus intimes, les plus coquins, les plus inavouables. Compilation de 4 histoires, Les mots pour le dire vous entraîne dans un voyage entre imagination et réalité. Après tout tant que la pensée engendre plaisir et satisfaction, pourquoi ne pas oser fantasmer ?
à mi-voix
Après un premier album remarqué publié l’année dernière à la même enseigne, Jerrert et la révélation Elena Ominetti remettent le couvert mais laissent cette fois-ci de côté le silence suave de Sans un mot. Quatre nouveaux fantasmes que la parole ne pourra certainement pas gâcher.
Véritable prolongement du précédent album donc, Les Mots pour le dire abandonne le principe des histoires sans paroles pour des dialogues certes toujours relativement économe et jamais envahissant, mais bel et bien présents. Un peu plus classique forcément, légèrement moins suggestif sans doute, mais le travail visuel de l’illustratrice italienne n’a absolument rien perdu de son charme et de son pouvoir érotique. Il n’y a rien de stupide à dire que le fait que les planches aient été conçues par une femme change beaucoup la donne. Si les actes sexuels présentés dans les cases ne sont jamais édulcorés et font montre même d’une liberté plutôt rafraichissante dans la BD X, ils sont cependant toujours teintés d’une certaine délicatesse, d’une atmosphère qui se tournerait bien plus volontier du coté de la sensualité que du porno bourrin. Les couleurs peintes à l’aquarelle y ajoutent un grain charnel et les compositions des pages ont toujours autant tendance à s’échapper vers l’onirique et les sensations plutôt que la simple démonstration. Les hommes et les femmes d’Elena Ominetti ne sont pas tous parfaitement beaux, ou en tout cas tous logés dans les mêmes canons, mais tous véhiculent une sensualité simple, franche et naturelle.
Murmures
De là à dire que ses dessins se suffiraient presque à eux même, il n’y a qu’un pas que l’on ne peut pas totalement franchir. Son compère Jerrert propose à nouveau quatre petites contes érotique pleins de charmes et de chaleur et même s’il est amusant de noter que certaines scènes auraient effectivement très bien pu se passer de textes, les dialogues glissés ici jouent effectivement là encore beaucoup plus sur l’ambiance générale, le léger décalage et pourquoi pas un peu d’humour, que sur des échanges purement techniques et descriptifs des actions physiques menées. Après, question de goûts surement, les deux récits proposés au milieu de l’album, l’un décrivant la fascination d’un conservateur de musée pour une idole féminine aux proportions toutes à fait affriolante et la rencontre nocturne entre deux randonneurs et des « sorcières » sorties de la brume, semblent légèrement moins fonctionner que les deux autres trames beaucoup plus quotidiennes. Comme deux anecdotes volées, dont la plausibilité émoustille l’esprit avec beaucoup plus d’efficacité. Dans le premier un couple marié s’amuse à rejouer la visite impromptue du séduisant plombier et de l’épouse infidèle entre fantasme cuckold et voyeurisme. Dans le chapitre final, certainement le plus réussi, une jeune femme voyageant en train flashe sur son voisin et d’assoupie en lisant une BD érotique, se laissant entrainer par ses délicieux fantasmes oniriques et se réveillant dans une situation tout à fait gênante… et on ne peut plus coquine.
Après Sans un mot, Jerrert et Elena Ominetti confirment leurs talents avec quatre nouvelles propositions gracieusement pornographiques. Des corps, des caresses, des baisers et de l’esprit pour un album qui peut rapidement donner très chaud.