LES CONTES DE LA UMBRELLA ACADEMY T.1 : TU PUES LA MORT !
You Look Like Death : Tales From The Umbrella Academy #1-6 – Etats-Unis – 2020/2021
Support : Fantastique
Scénariste : Gerard Way, Shaun Simon
Illustrateur : Ian Culbard
Éditeur : Delcourt
Pages : 176 pages
Date de Sortie : 25 août 2021
LE PITCH
Autrefois, la Umbrella Academy était incomparable. Sous la tutelle de leur mentor, le Dr Reginald Hargreeves, cette équipe dysfonctionnelle de jeunes super-héros a passé son enfance à combattre le mal et à perfectionner ses dons extraordinaires. Jusqu’à ce que quelque chose de terrible arrive… Et Klaus n’est pas le moins névrosé de l’équipe… Loin de là !
To Live and Die in L.A.
Connaissant depuis la diffusion de son adaptation sur Netflix un regain d’intérêt, le comic Umbrella Academy s’est vu complété à partir de l’été 2020 d’une branche Tales From The Umbrella Academy dédiée à des récits plus périphériques… ou ici un épisode se déroulant avant le premier tome. L’occasion pour Klaus de s’envoler vers Hollywood et se faire un bon petit fix.
Présenté essentiellement dans les pages de la BD comme un allumé de service, figure désinvolte et drogué de service, Klaus est le personnage qui a sans doute le mieux gagné à son passage en série TV. Incarné par Robert Sheehan et plébiscité par les scénaristes, il se voit alors doté d’un passé torturé, touchant certainement, et d’une aura brisée beaucoup plus complexe. Impossible que ce ne soit pas là la petite graine qui a donnée envie à Gerard Way, rejoint ici par son compère de La Vrai vie des fabuleux Killjoys, de développer à sa manière le personnage dans une mini-série dédiée. On le retrouve ici alors âgé de 18 ans, renvoyé de la Umbrella Academy par leur « père » pour une raison assez abscons, obligé de se débrouiller par lui-même dans la rue. Lorsqu’on est accro à la drogue et capable de communiquer avec les morts, la destination idéale semble donc être…. Hollywood, forcément (ah bon?). Un trip adolescent, une quête initiatique au pays des rêves, une manière de se frotter aux fantasmes de la gloire, mais que Klaus traverse, comme toujours en planant, passant de situations en situations comme si, rien ou presque ne pouvait l’atteindre.
ça fond sur la langue
Ce sont bien entendu ses multiples addictions qui vont le mettre en danger, le faisant accepter n’importe quel contrat pour un cacheton ou quelques litres d’alcool alors que ses capacités attirent l’attention de personnes pas forcément bien intentionnées. D’un côté un chimpanzé vampire et mafieux qui espère fait revivre sa défunte femme, et de l’autre une actrice vieillissante qui réussit grâce à lui à retrouver sa grâce d’antan et les allures des stars disparues. Construit comme un puzzle en constant mouvement Tu pues la mort ! y ajoute quelques autres situations incongrues, d’autres personnages secondaires comme les dieux d’Hollywood (allez savoir) et un pauvre bonhomme que Klaus retrouve à chaque défonce dans un lieu appelé Le Vide. Une sorte de purgatoire élégamment meublé où le monsieur en question attend de savoir si son avocat va réussir à lui faire éviter l’enfer ou pas. Tout cela va peu à peu se croiser et s’imbriquer pour permettre une ultime pirouette au personnage sortant grand gagnant de ce joyeux bordel. Une écriture extrêmement libre, pratiquant un regard ironique sur le monde et ses personnages quitte à embrasser le je-m’en_foutisme total du personnage et donner ainsi, malgré de brillantes idées bien délirantes, un aspect assez anecdotique à l’album. Même les planches ici signées par l’excellent Ian Culbard (Dans l’abîme, Brink…) sont certes joyeusement rétro et décalées, mais n’apporte pas la folie baroque et totalement démesurée du génial Gabriel Bà.
Une parenthèse délirante et fun, mais qui n’a effectivement pas la portée de certains éléments dramatiques mis en place dans la série tv, ni la folie furieuse du comics principal. Un bon moment pour les fans cependant.