LES ARCHITECTES DE BABEL
バベルの設計士 – Japon – 2020
Genre : Historique
Scénariste : Akira Ashimo
Illustrateur : Akira Ashimo
Editeur : Glénat
Pages : 544 pages
Date de Sortie : 27 octobre 2021
LE PITCH
XVIIIe siècle avant J.-C., en Mésopotamie antique. Maintenant qu’il est parvenu à unifier une grande partie de la région, le roi de Babylone, Hammurabi, ordonne la construction d’une tour qui “atteigne le soleil” afin d’assurer une prospérité éternelle à son royaume. De son côté, Gaga, un architecte de la cour né dans une famille de militaires, se voit confier la mission d’aller chercher dans la ville de Dilmun le dénommé Nimrod, un descendant de Noé. Un châtiment impitoyable l’attend s’il ne le ramène pas au palais royal sous dix jours.
Tour d’horizon
Célèbre épisode biblique qui a inspiré les plus grands, l’édification de la Tour de Babel et la chute de Babylone, est le sujet central du premier, et ambitieux, manga signé Akira Ashimo. Une approche inédite et étonnante puisque résolument « shonen ».
Jeune mangaka dont on découvre ici la première œuvre de grande envergure, Akira Ashimo était aussi étudiant en architecture lorsqu’il imagina Les Architectes de Babel. La réunion de ses deux passions en somme constamment appréciable dans l’un des aspects les plus impressionnants du titre : ses décors. La fameuse tour qui se construit de page en page en premier lieux, mais aussi les visions de palais du roi, les rues de la cité, les différentes demeures et habitations, donnent un cachet original au volume qui parfois même se présente comme une petite porte d’entrée vers cette science finalement assez méconnue lorsque l’auteur s’efforce d’en banaliser certains concepts et la mathématique des tracées. Une charpente pertinente pour un récit qui s’inscrit au-delà de cela dans un croisement, là aussi pas évident, entre les références issues de l’Ancien Testament et les quelques connaissances historiques connues connu sur cette époque. La quête d’immortalité du roi Hammurabi, sa pacification intéressée de la région, les trahisons de son grand prêtre et de sa première épouse, les royaumes voisins belliqueux, l’érection inconsidéré de cette tour qui réduit les populations à la pauvreté…
Au pied du mur
L’épisode est bien entendu l’occasion d’une réflexion sur la quête du savoir et l’orgueil du pouvoir, mais finalement, Akira Ashimo semble souvent s’en désintéresser préférant suivre la petite aventure de Gaga, jeune architecte de la cité qui doit retrouver puis collaborer avec l’étrange Nimrod, que l’on dit descendant de Noé en personne. Un personnage farfelu, accompagné de sa petite esclave aux petits soins, volontairement en décalage avec les question politiques et militaires qui l’entourent, mais qui surtout avec Gaga forme un duo très manga, source de quelques moments cocasses, d’une quête initiatique plus classique et finalement d’une tonalité bien légère très shonen. Ce qui alors amoindrit la portée de Les Architectes de Babel, surtout lorsque le scénario se perd pendant toute la première partie dans une longue recherche du second jeune homme, là où la seconde précipite les évènements catastrophiques. Encore un peut vert, l’illustrateur se montre de la même façon un peu moins précise lorsqu’il dessine les jeunes gens, avec un trait assez instable et des caractérisations peu soignées, se montrant plus en verve sur les figures historiques, elles emprunts d’une réelle majesté. Certes cela fait partie du concept initial, de l’originalité du manga, mais le mariage entre l’ampleur biblique et la frivolité du divertissement ne semble pas toujours des plus maitrisés, des plus équilibrés.
Reste une proposition courageuse et une première publication qui laisse de bons espoirs sur le devenir d’Akira Ashimo.