LES AFFAMÉS DU CRÉPUSCULE T.1
The Hunger and the Dusk #1-6 – Etats-Unis – 2023 / 2024
Genre : Fantasy, Aventure
Dessinateur : Chris Wildgoose
Scénariste : Gwendolyn Willow Wilson
Nombre de pages : 176 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 12 juin 2024
LE PITCH
Sur cette terre en voie d’extinction, seuls les humains et les Orcs ont survécu. Ces ennemis mortels luttent pour le territoire et pour le pouvoir, mais vont cependant devoir accepter une alliance fragile pour résister à un nouvel ennemi commun, les Vangol. Pour cela, il va leur falloir désapprendre une vie d’antagonismes et joindre leurs forces.
L’ennemi de mon ennemi
La guerre humains vs. orcs fait encore et toujours rage. Un grand classique de la Fantasy, mais ici revisité par la très douée Gwendolyn Willow Wilson (Miss Marvel) et le talentueux Chris Wildgoose (Porcelaine). Une fresque épique d’apparence traditionnelle, mais qui creuse un univers déjà fascinant.
D’apparence donc Les Affamés du crépuscule ne met pas forcément ses différences en avant, cultivant effectivement un décorum on ne peut plus reconnu par les amateurs de Fantasy gavés de Seigneur des anneaux ou de Warcraft, avec un monde médiéval où la guerre entre les deux espèces persiste depuis de nombreuses générations. Crainte de l’autre, préjugés, vieilles légendes caricaturales, batailles pour quelques lopins de terres supplémentaires, défiances… D’ailleurs les orcs sont ici très loin des clichés habituels et semble bien plus évolués que les l’espèce humaine. Rien ne semblait pouvoir réunir les deux peuples jusqu’à que de nouvelles menaces apparaissent. Des terres qui s’appauvrissent et des étés de plus en plus secs tout d’abord, puis une espèce que tous croyaient disparus : les Vangol. Des prédateurs sauvages, massacrant tous sur leur passage, apparaissant sans jamais être détectés et avançant de plus en plus loin dans les terres. L’enjeu de Les Affamés du crépuscule est donc de suivre comment les deux cultures vont réussir, ou pas, à dépasser les vieilles querelles et œuvrer de concert. En première ligne Callum Battlechild, commandant d’une troupe de rôdeurs, et la guérisseuse Tara cousine d’un seigneur Orc, qui symbolisent par leur mission commune un accord historique.
Leave Peace a Chance
Un univers de Fantasy éprouvé, une grande aventure constamment relevée de batailles spectaculaires et meurtrières, un feuilleton où les petites surprises sont toujours bien agencées, mais aussi un récit qui plonge constamment ses racines dans le monde contemporain, son actualité politique et écologique, ses nombreux dangers, et l’absence de solution mise en place. Comme un regard parallèle sur un possible jamais abordé avec naïveté, qui donne une plus grande dimension encore à un contexte qui ne se dévoile que très progressivement à la lecture. Toujours aussi douée pour allier divertissement et légère réflexions sociétales, la scénariste donne aussi une belle personnalité aux quatre protagonistes centraux (le guerrier et la guérisseuse, mais aussi Troth Icemane et son épouse, mariés pour des questions politiques) qui ouvrent à chaque fois la porte vers des notions culturelles, historiques ou relationnelles, jamais gratuites ou d’un romantisme bateau.
Un premier volume qui accroche et charme d’emblée, proposé qui plus est dans un grand format par Delcourt, ce qui permet de profiter pleinement une nouvelles fois des nombreux talents de Chris Wildgoose. Ses dessins sont toujours aussi précis, fouillés et vivants, et ses designs relativement réalistes s’incarnent à merveille dans de superbes décors, des détails (vêtements, armes…) pointus et crédibles, le tout rehaussé d’un travail impeccable sur les couleurs. Assez marquées par l’école européenne, les planches de Willdgoose pouvaient sembler autrefois, parfois, un peu rigide et engoncés, le temps à fait son affaire et son découpage autant que l’énergie de ses postures finissent de faire de Les Affamés du crépuscule un grand spectacle visuel.