LE TEMPS EST ASSASSIN
France – 2023
Genre : Thriller, Policier
Dessinateur : Nathalie Berr
Scénariste : Frédéric Brrémaud
Nombre de pages : 112
Éditeur : Éditions Philéas
Date de sortie : 23 mars 2023
LE PITCH
Seule survivante de l’accident tragique qui a coûté la vie à son frère et à ses deux parents en Corse lorsqu’elle avait 16 ans, Clotilde, retourne sur les lieux du drame après 25 ans. Jusqu’à ce qu’elle reçoive une lettre de sa mère, Palma, présumée morte dans l’accident…
… Mais il ne fait rien à l’affaire
Second roman de Michel Bussi adapté en BD chez Philéas après Gravé dans le sable, Le Temps est assassin donne l’opportunité à Frédéric Brrémaud (Love, Le Terreur des mers) et Nathalie Berr (Borderline, Nous Anastasia) de revisiter un sacré succès éditorial, déjà transposé à la télévision en 2020 sur TF1.
En lâchant ainsi le nom de la « première » chaine de télévision française, on induit forcément, et à raison, l’orientation prise en général par le romancier Michel Bussi dans ses romans. Des livres à suspens, avec moult secrets familiaux et des révélations en cascades, mais qui restent bien entendu dans la catégorie plutôt tranquille de la littérature populaire, plutôt commercial, n’allant jamais trop loin ni dans la construction dramatique ni dans les atmosphères ou la peinture de la violence. Grand public donc, même si ce n’est pas forcément si aisé que cela de maintenir constamment la corde raide. Et Le Temps est assassin avec son cadre presque paradisiaque des bords de mers corse et ses multiples souvenirs d’une adolescence en 1989, approche forcément cette sensation d’un petit bouquin idéal à lire l’été sur la plage. Et il y a effectivement de quoi se prendre au jeu puisque cette trame étalée sur deux époques bien distinctes, les récurrents va et vient de l’un à l’autre pour enfin découvrir le mystère qui entoure la mort tragique de la famille de Clotilde, mélange aussi bien la petite chronique de jeunesse (la description des ados est assez juste), le drame plus profond d’une femme qui tente de renouer avec son passé et les habituelles magouilles, malversations et la politique du silence qui habite l’ile de beauté.
La mare aux dauphins
Secrets de famille et secrets financiers se mêlent alors que quelques évènements (le vol des papiers de Clothilde, l’accident de sa fille en journée canyoning, la disparition d’anciens témoins…) viennent attester que l’enquête de la protagoniste dérange. A ce titre l’adaptation de Brrémaud réussit assez bien à préserver le cheminement lisible du roman, à doter d’aspects troubles de certains personnages et surtout à nourrir l’héroïne d’une belle personnalité, touchante et courageuse, volontaire et romantique ne craignant pas de titiller la fierté et l’autorité d’un grand-père régnant plus ou moins sur tout la côte. Mais avec la pagination raccourcie d’un one shot (de plus de cent pages tout de même), il ne peut totalement empêcher, voir qu’accentuer, le sentiment de précipitation des ultimes révélations, presque entassées en quelques pages et peinant alors à ne pas donner la sensation d’un final un poil tiré par les cheveux. Pas désagréable mais pas mémorable, Le Temps est assassin est accompagné d’un travail graphique un peu trop standard de la part de Nathalie Berr, toujours avec une ligne nette et souple, une colorisation numérique visible et un style semi-réaliste qui s’incarnent dans des planches très, trop, lumineuses. Là aussi, comme dans le roman, ce qui manque le plus c’est un véritable parti pris esthétique, d’une personnalité plus marquée, sans doute plus sombre et inquiétante qui ferait de la corse autre chose qu’une superbe carte postale, mais bien aussi un personnage à part entière.