LE SON DES MORTS
いまかこ – Japon – 2019
Genre : Fantastique
Dessinateur : Daruma Matsuura
Scénariste : Daruma Mastuura
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Date de sortie : 7 juin 2023
LE PITCH
Yato Tsurumi, professeur d’art, a perdu sa femme il y a deux mois, emportée avec leur maison par une crue… Depuis, le cœur brisé, il passe ses journées à broyer du noir et son aptitude à voir les lieux disparus n’arrange rien. Un jour, il se retrouve en charge de Ima Hayabuchi, une élève submergée par sa capacité à entendre le « son des morts » depuis qu’elle a perdu son père dans un tremblement de terre.
Émanations picturales
Editée chez Ki-oon pour Kasane et La Danse du Soleil et de la pluie, Daruma Matsuura apparait (brièvement ?) dans le catalogue Delcourt / Tonkam avec le one shot Le Son des morts. Comme toujours beaucoup de délicatesse, d’humanité et un fantastique incrusté dans l’âme des protagonistes.
Même si le présent volume est sorti en 2019 au Japon, il semblerait que ses différents chapitres soient nés quelques années plus tôt. A partir de 2012 pour exact, dans la revenue Evening, soit quelques temps avant le premier gros succès signifié par Kasane La voleuse de visage. Pas une œuvre de jeunesse mais presque. Ou en tout cas une tentative première où le style graphique (clairement la sublime couverture est beaucoup plus récente) n’est pas encore aussi assuré qu’aujourd’hui, et où la structure du récit tend vers une série plus longue et manifestement stoppée dans son élan. La fin achève de manière convaincante les deux trames principales, mais laisse clairement planer un équilibre précaire et trois personnages qui seraient près à avancer plus loin et à trouver ensemble leur propre équilibre. Et il faut reconnaitre que l’on serait sans doute parti avec eux tant effectivement Le Son des morts affiche un joli potentiel et une très jolie atmosphère malgré les thèmes graves et douloureux qui peuvent y être approcher. C’est le deuil, ou l’impossibilité du deuil, surtout qui habite le manga. Un sentiment plus que diffus, omniprésent, pesant tout d’abord, qui hante autant le professeur d’art Yato qui ne peut se remettre de la disparition de sa femme survenue deux mois plus tôt dans une inondation, qu’Ima sa nouvelle élève qui vit avec l’absence de son père, décédé dans un tsunami.
Ci-git…
Deux êtres cabossés qui comme dans un drame tout ce qu’il y a de plus classique, vont apprendre à partager leurs douleurs pour réussir à s’en séparer, ou du moins à vivre avec. Il faut dire que ces deux là ont une telle proximité avec le monde de la mort qu’ils peuvent en percevoir certaines émanations. Elle en capte des sons venus de l’au-delà, messages difficilement compréhensibles ou simples présences bruyantes, qui l’obligent même parfois à garder vissé son casque sur les oreilles. Lui observe derrière les bâtiments actuels les lieux tels qu’ils étaient avant qu’ils ne soient marqués par le drame. Cette autre perception qu’ils partagent, les amène aussi à questionner le rapport à leur perception du monde, à leur art et à ce prolongement par le dessin ou la peinture. Daruma Matsuura leur offre véritablement de belles personnalités et des angles touchants et vibrants qui s’étendent même durant la seconde partie du présent volume lorsque l’attention se porte sur un autre élève, doutant de ses capacités avant un examen important pour son avenir, mais que l’inexorabilité rapproche d’un camarade qui s’était suicidé l’année précédente après avoir lacéré sa toile. On les aurait alors bien vu devenir des guérisseurs réguliers, figures fragiles soit, mais capable de soigner les autres de leur peine. Un petit moment bien agréable passé en leur compagnie, c’est toujours mieux que rien.