LE REGARD INVISIBLE T.1 : LA MARQUE DES SOUVENIRS
France – 2023
Genre : Thriller
Dessinateur : Elisa Ferrari
Scénariste : Serge Carrère, Gwenaël
Nombre de pages : 48 pages
Éditeur : Éditions Soleil
Date de sortie : 14 juin 2023
LE PITCH
Voilà sept ans, cinq amis, adolescents à l’époque, ont vécu une expérience traumatisante lors d’un séjour en montagne. Aujourd’hui, alors qu’ils vivent chacun leur vie mais gardent ce secret enfoui dans leur mémoire, des lettres leur parviennent qui font explicitement référence à leurs souvenirs. Qui connaît autant de détails ?… Ils trouveront des réponses mais qu’ils paieront au prix fort…
Ils étaient 5
Nouveau diptyque pour les auteurs du Serment d’acier (publié chez Drakoo) avec un Regard invisible qui délaisse la fantasy mais préserve cette envie de conter un authentique mystère. Celui du secret qui entoure cinq amis qui, quelques années plus tôt, auraient fait une inquiétante rencontre…
Déjà malgré son décorum, Serment d’acier reposait effectivement beaucoup plus sur sa petite dynamique « policière » que sur ses aspects les plus Heroic Fantasy. Gwenaël et Elisa Ferrari gardent ainsi clairement une même direction et un petit style qui s’installe tranquillement. Pour l’écriture du scénario, ils sont d’ailleurs épaulés par le beaucoup plus expérimenté Serge Carrère, ancien de Pif et Spirou et repreneur, entre autres, d’Achille Talon avec Fabcaro. Un trio pour cinq personnages liés par un traumatisme de jeunesse et par des évènements connus, enfin ils croyaient, d’eux seuls. De nos jours donc, ils reçoivent chacun leur tour d’étranges dessins qui font rejaillir ces évènements enfouis, remettent en question leur vie et les oblige à se retrouver et même à renouer avec Alessio qui préférait depuis rester reclus. Qui envoi ces documents et pourquoi ? Y a-t-il un lien avec le procès contre un homme politique accusé de viol que mène Livia en pleine tourmente médiatique ? Bien ancré dans l’air du temps et les enjeux contemporains Le Regard invisible s’efforce de mener en parallèle le récit de ces retrouvailles relativement heureuses entre les vieux copains, et un début d’enquête encore peu fructueux.
Une pensée pour…
Entre Vérone et Lyon, l’Italie et la France, la ville et la montagne, ce premier tome nommé La Marque des souvenirs, distille aussi quelques éléments plus fantastiques, voir ésotériques, avec des visions particulièrement obsédantes pour Alessio et un design de créatures païennes qui laisse planer un vrai doute quant à leur nature. Le second et dernier album fera sans doute tomber les masques, mais le récit navigue pour l’instant à vue se contentant, il faut l’avouer, de rejouer une trame lue des dizaines de fois sans vraiment réussir à apporter une vraie nouveauté, un ingrédient plus inquiétant, une atmosphère plus pesante ou un élément plus dérangeant afin de faire décoller le suspens. Les jeunes héros sont très plaisants et joliment dessinés par Elisa Ferrari (Sweet Paprika), mais là aussi c’est souvent bien trop sage et classique pour accrocher l’œil. Pour sa seconde création Gwenaël prend assez peu de risque, quelque part entre les prémisses d’un slasher à la Souviens-toi l’été dernier et un traitement de grande saga télévisée de l’été, pour un Regard Invisible où l’on ne sent jamais justement ce regard scrutateur, cette menace peser sur les héros, petite bande finalement assez bien dans sa peau, toujours soudée, et dont il est difficile d’imaginer qu’un évènement tragique aurait peu les séparer. Peu de chance que cet album ne marque vraiment les esprits.