LE QUOTIDIEN D’UNE ÉPÉE MAUDITE T.1
邪剣さんはすぐブレる – Japon – 2019
Genre : Fantastique
Dessinateur : Nikiichi Tobita
Scénariste : Nikiichi Tobita
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Mana Books
Date de sortie : 04 mai 2023
LE PITCH
Dans le fabuleux royaume de Fantasia, monstres, héros et démons se côtoient et se font la guerre. Du moins… c’était le cas avant l’arrivée de la technologie et ses progrès fulgurants ! Aujourd’hui, Fantasia est un monde d’épées, de magie… et de smartphones ! Un beau jour, le quotidien de deux frère et sœur est complètement chamboulé par l’arrivée d’une étrange créature…
Justice Braver & co.
Pas de grandes légendes de Fantasy sans arme mythique forgée sous la montagne par des nains fous et baignée dans le sang du dragon ou d’un dieu oublié. Cela ne veut cependant pas dire que ces pouvoirs colossaux ne seront pas mis au service du bien pour résoudre une grande quête pleine d’honneur, ni que cela sera fait intelligemment.
Nikiichi Tobita est un artiste vraiment doué. Beaucoup plus fouillé et creusé que la plupart de ses collègues mangaka, son art impose des décors médiévaux réalistes et bourrés de détails, des personnages aux contours léchés, aux visages délicatement ombrés et aux costumes finement ciselés. Des illustrations qui pourraient s’avérer puissantes, spectaculaires et épiques, dignes de grands récits d’Heroic Fantasy si depuis le départ le bonhomme n’avait tendance à systématiquement faire vriller le récit vers la pure parodie. Si sa récente adaptation d’Elden Ring, Le Chemin vers l’arbre monde, est légèrement plus calme de ce côté-là, depuis Monster X Monster, c’est un peu la foire au n’importe quoi. Le plus souvent au service d’un anti-héros carrément à côté de la plaque : un looser. Et avec Le Quotidien d’une épée maudite il pousse la logique encore plus loin jouant toujours de ses dessins élégants et ultra soignés, pour les faire contraster avec un monde de Fantasy on ne peut plus classique… Sauf qu’il a été envahi par l’émergence révolutionnaire des téléphones portables. Internet, les réseaux sociaux, TikTok… Les nouvelles technologies ont contaminé cet univers peuples de chevaliers, magiciens, créatures bestiales et démons sadiques, en royaume du libéralisme, du like et des influenceurs en armes médiévales où même le roi des démons s’est métamorphosé en businessman et propriétaire d’un parc à thème.
Une lame bien affutée
C’est dans ce contexte des plus improbables que Monica, gamine avide d’aventures et de conneries, découvre par hasard une curieuse et inquiétante épée d’apparence maléfique façon Soulcalibur, rapidement capable de se faire pousser jambes et bras et de faire un brin de causette. Doté de pouvoirs colossaux, capable d’absorber l’âme de ses victimes, déponger la force vitale de la nature environnante, mais aussi totalement amnésique, elle semble surtout là pour ruiner le quotidien du pauvre Lucas, déjà bien éreinté par ses journées au turbin. Un point de départ que l’auteur va s’amuser à décliner à l’envie avec un sens de l’absurde poussif totalement assumé multipliant d’historiettes en historiette les personnages totalement frappés (les statues géantes qui tapent l’incruste, un homme bouclier en quête de défi et d’exhibitionnisme, un camarade chevalier aux accolades particulièrement brutales…) sans oublier bien tendu l’incontournable romance contrariée avec l’amie d’enfance ! Duels improbables et catastrophiques, inscription de l’épée à l’établissement scolaire privé (et coûteux), compétition de pèche qui finit forcément mal… Si pour l’instant il manque tout de même un vrai fil rouge au manga pour véritablement prendre une dimension plus soutenue que la simple pochade, on ne boude pas notre plaisir devant l’humour bien lourdingue et les situations les plus saugrenues proposées par ce premier tome de Le Quotidien d’une épée maudite.