LE MONDE DE FLASHPOINT T.1
Flashpoint Batman: Knight of Vengeance #1-3 ; Flashpoint Deadman & The Flying Graysons #1-3 ; Flashpoint Deathstroke & The Curse of the Ravager #1-3 ; Flashpoint Secret Seven #1-3 – Etats-Unis – 2011
Genre : Super-héros
Scénaristes : Brian Azzarello, J.T. Krul, Jimmy Palmiotti, Peter Milligan
Illustrateurs : Eduardo Risso, Mikel Janin, Joe Bennett, Fernando Blanco
Editeur : Urban Comics
Pages : 272 pages
Date de Sortie : 02 juillet 2021
LE PITCH
Bienvenue dans un monde où la guerre fait rage entre les Atlantes du Roi Arthur et les Amazones de la Princesse Diana. Un monde dans lequel Thomas Wayne protège Gotham, une ville rongée par le vice et le jeu, d’une poigne de fer sous le masque de Batman. Un monde dans lequel un pirate nommé Deathstroke conduit son navire, le Ravager, sur des surfaces submergées. Un monde dans lequel les Grayson et Deadman sont les attractions principales du Cirque Haly. Et un monde dans lequel, les Secret Seven sont appelés à se rassembler. Bienvenue dans le monde de Flashpoint.
Vibrants échos
Nouveau retour sur l’évènement éditorial DC de 2001 avec le premier volume du Monde de Flashpoint permettant de jouer les prolongations en explorant les destins brisés de figures plus périphériques : Deadman,Nightwing, Deastroke, L’enchanteresse, Shade l’homme changeant… et Batman.
Pratique courante dans le petit monde des comics, durant la publication évènement de la mini-série contant la découverte par Flash d’un univers tragique crée par sa volonté de changer la mort prédestinée de sa propre mère, DC Comics proposa une bonne poignée de titres gravitant autour des évènements principaux, avec à chaque fois des équipes créatives différentes. Des récits moins centraux, mais dont tous de même les conséquences de certaines actions sont perceptibles au détour d’une case, d’un dialogue ou d’une révélation dans les pages de Flashpoint. Une opération qui frise parfois au remplissage, mais qui ici en l’occurrence a manifestement profité d’un certain soin et d’une volonté de surprendre, sans doute facilité par cette exploration d’un univers alternatif dystopique où les atlantes et les amazones ont ravagé l’Europe et s’apprêtent à étendre leur propre guerre. C’est en prise directe avec cette menace que l’on découvre ainsi les versions « Flashpoint » de Dick Grayson et Deadman, tous deux artistes dans un cirque itinérant, et qui vont devoir protéger en pleine invasion amazone le masque de Fate dans Flashpoint Deadman & The Flying Graysons. Une collaboration étonnante, mais rendu des plus logiques par J.T. Krul (Batman Beyond Unlimited) par leurs destins brisés sur scène et par là même une nécessité de recréer une « famille » dans un contexte des plus dramatiques. Dommage que l’illustrateur Fabrizio Fiorentino n’arrive jamais à garder une ligne graphique claire et constante.
Fins d’un monde
Les illustrations de Joe Bennett, pas encore aussi au point que sur The Immortal Hulk, ne sont pas non plus des plus impressionnants sur Flashpoint Deathstroke & The Curse of the Ravager, mais Jimmy Palmiotti (Jonah Hex, Harley Quinn) marque les esprits en transformant le mercenaire assassin Deathstroke en pirate moderne, s’étripant sur les flots avec un Warlord aussi barbare que lui. Une ambiance Pirates des caraïbes avec des supers-vilains jamais loin de la mutinerie, mais aussi un regard plus touchant sur un personnage prêt à tout sacrifier pour retrouver sa fille enlevée par des esclavagistes. Des mini-séries qui savent donc jouer des contrastes, des changements d’ambiance, explorant chacun à leur manière un large panel de figures DC… Et de ce côté-là le Flashpoint Secret Seven de Peter Milligan et Fernando Blanco (avec quelques planches de monsieur George Pérez) se pose là. Détour donc du coté de quelques figures mystiques allant de la plus connu Zatanna à L’Orchidée noire, L’Enchanteresse ou un Shade L’Homme changeant devenu (ou se croyant) fou s’efforçant vainement de reconstituer l’équipe des Sept secrets pour donner un coup de main à Cyborg. Une trame volontairement alambiquée, des mystères et des réalités qui se croisent et se mêlent, pour trois épisodes aussi violents que délirants, mais surtout particulièrement pessimistes. Une anthologie décrivant un monde au bord du chaos, désespéré, déjà perdu, qui s’ouvre pour ce volume par le très attendu Flashpoint Batman: Knight of Vengeance réunissant une nouvelle fois les pointures Brian Azzarello et Eduardo Risso (100 Bullets). Déjà au centre de Flashpoint aux côtés de Flash, et certainement le personnage le plus émouvant et imposant de la saga, Thomas Wayne montre ici toute l’étendue de ses ténèbres, son emprise sur Gotham et le monde du crime et ses pires démons. Une énième confrontation avec le Joker (mais pas celui que vous croyez) aussi sadique que celui de The Killing Joke, et c’est toute la malédiction des Wayne qui explose dans un superbe récit crépusculaire. Une petite merveille sombre à souhait qui rendrait presque cet album indispensable à lui tout seul.