LE MARIN CÉLESTE

France – 2025
Genre : Aventure, Fantastique
Dessinateur : Olivier Roman
Scénariste : Rodolphe
Nombre de pages : 88 pages
Éditeur : Daniel Maghen Editions
Date de sortie : 7 mai 2025
LE PITCH
“Les sept plaies du monde… Tu t’en souviens ? Le ciel nous tombe sur la tête, la mer s’en va et ne revient pas, un gouffre s’ouvre soudain sous nos pieds… Et aussi l’invasion d’une matière bleue, qui rampe, qui grimpe et qui finit par tout étouffer !”
Tant que le vent soufflera
Rodolphe aime la science-fiction poétique, presque rétro. Celle qui ne met pas en avant les grandes technologies mais plutôt des mondes lointains, exotiques et des grandes invitations aux voyages. C’était le cas dans Sprague, déjà dessiné par le camarade Olivier Roman, que le scénariste propose ici de prolonger ici avec une nouvelle aventure. Pas vraiment une suite mais presque.
Publié il y a à peine trois ans, Sprague permettait en effet à l’auteur Rodolphe (Ter, Utopie, Europa…) de nous rejouer sa douce musique autour d’une planète bien lointaine et étrange et de ses quelques habitants, survivants humains cherchant à comprendre leurs origines et l’écologie curieuse des lieux. Des réponses auxquels il prenait justement plaisir à ne répondre que partiellement, laissant le soin au lecteur de faire son propre cheminement, emporté par les superbes planches d’Olivier Roman (Marie et le esprits) confirmant un esprit SF classique, à l’ancienne, mais au mélange de futurisme et d’esthétique très XIXe particulièrement réussi. Une fin ouverte, un monde regorgeant encore de contrées inconnues, et l’occasion forcément pour les deux auteurs d’y revenir un jour… Et pourquoi pas cette fois-ci en compagnie de Popeye, bourlingueur et revendeur de trouvailles passant de villages en villages à bord de son dirigeable ?
C’est la saison de la tonte
Un personnage jovial, haut en couleur, qui a la différence des deux frères de Sprague n’avait pas vraiment l’obsession de comprendre son environnement avant que la menace de l’herbe bleue ne menace son commerce, ses étapes habituelles et même sa compagne, bricoleuse / historienne particulièrement débrouillarde. Si le premier album avait tout du carnet de voyage aérien, ce second se rapproche plutôt du récit d’invasion, où d’ailleurs seule la rencontre avec une espèce d’insectoïdes vivant sous le sol de la planète, va permettre d’avoir un peu d’espoir quant à l’avancée immuable de cette végétation meurtrière. Le danger est présent, mais le ton n’est jamais vraiment grave, Rodolphe adoptant la philosophie plutôt débonnaire de son protagoniste et un angle plutôt fantastique directement hérité de la littérature SF française des années 50/60. Quelques informations sur Sprague proprement dit, l’identité des « grands anciens » disparus et l’origine de l’humanité sur sa surface, se font sans doute plus précises encore, mais c’est l’aventure qui prévaut, tout autant que l’ambiance, faussement désuète, qui fait une nouvelle fois tout le charme de cette bande dessinée.
Des ingrédients que l’illustrateur sait parfaitement mettre en valeur grâce à son trait franco-belge traditionnel mâtiné d’une petite dose de réalisme, le soin tout particulier apporté aux détails civilisationnels (costumes, décors…) et la multiplication de grandes cases ou de pleines pages évocatrices. Impossible d’ailleurs ici de passer à côté du troisième talent de Le Marin céleste, Denis Bechu (Nautilus, Neuf…) qui apporte beaucoup de fraicheur et de lyrisme à l’ensemble grâce sa colorisation directe toute en teintes pastelles et délicatesses. Une nouvelle excursion bien agréable dans les frontières de Sprague.