LE FRUIT LE PLUS DOUX T.1
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France / Italie – 2025
Genre : Erotique, Comédie, Fantastique
Dessinateur : Gabriele Di Cato
Scénariste : Gabriele Di Cato
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Tabou BD
Date de sortie : 16 janvier 2025
LE PITCH
Dans l’Amérique d’après-guerre, la petite ville de Sweetville se prépare aux célébrations de son évènement annuel : le concours du fruit le plus doux. Ronald et Larry, deux fermiers, sont en course. S’engage alors une guerre sans merci entre les deux hommes les obligeant à se confronter à leur passé.
Une petite ville bien tranquille
Nouvelle signature incontournable de l’éditeur Tabou, l’italien Gabriele Di Cato vient confirmer sa belle réputation avec Le Fruit le plus doux, chronique charmante et polissonne de la fameuse petite ville ricaine des 50’s. Tout le monde y cache ses petits secrets, ses désirs, et quand même les aliens s’en mêlent, ça ne peut que très bien finir.
Autrefois artiste bien sage faisant ses premiers pages dans la BD institutionnelle, nous contant les charmes géographiques de la Corse, de la ville d’Orléans ou des Jeux Olympiques, Di Cato a finalement pris le large en 2019 avec son premier recueil, Sous le paradis, compilation charmante de petits contes érotiques célébrant la femme, ses formes et ses plaisirs. Un coup de crayon tout en délicatesse, simple et évocateur, et une faculté admirable à souligner les formes pulpeuses de ses héroïnes aussi séduisantes en haut qu’en bas. Suivit alors l’étonnant Les Arcanes de la Maison Fleury minisérie en 3 tomes où cette fois ci l’érotisme était mis au service d’une chronique d’une maison close londonienne et de mystères entourant un terrible serial killer. En amorce affleure alors des valeurs libertaires, féministes et égalitaires que l’on retrouve dans le nouveau, et plus léger, Le Fruit le plus doux. Le décor est donc cette fois-ci une petite bourgade américaine, aussi charmante que sur les toiles de Norman Rockwell, bien occupée à préparer sa fête annuelle sur fond de concours agricole. Rien de bien exceptionnel et pourtant un journaliste espère trouver là un sujet en or pour se refaire et rembourser l’argent qu’il doit à quelques mafieux. Un personnage parmi d’autre, qui partage l’espace avec un couple marié qui a bien du mal à se retrouver (surtout que madame à quelques amants), un peintre qui a perdu l’inspiration dans la bouteille, un brave agriculteur hanté par la disparition d’un amour de jeunesse, et une bien frivole serveuse qui use de ses charmes à tout va mais peine à faire oublier à son amoureux de pilote ses traumatismes de guerre.
Sous les jupes plissées
Radiographie d’une époque entre le Diner, le Barber, le Drive-in… et une ambiance « Desperate Housewifes » où tout le monde trompe tout le monde, colporte toutes les rumeurs qui passent et s’efforce de préserver bien au chaud tous ses propres secrets. 50’s oblige, le récit est aussi teinté de SF rétro avec l’abduction d’un personnage et l’apparition d’étranges créatures féminines bien girondes s’accrochant à un arbre comme de doux fruits sucrés. Ambiance estivale doucereuse, soirées rock ’n roll en diable, vieilles rengaines moralisatrices (et racistes) de cette si belle époque (sic), Di Caro brosse admirablement le portrait de sa petite communauté, maniant aussi bien la comédie fine que les petits drames quotidiens, et auréole forcément le tout d’un regard sensuel qui fait toute la différence. Comme dans sa création précédente, la sexualité n’est pas le sujet en soi mais bien un ingrédient supplémentaire à son histoire, et ne tombe jamais comme un cheveu dans la soupe. D’autant plus attendues donc, elles permettent à nouveau de profiter du sens anatomique fantasmé de l’artiste, adorant les croupes larges, les poitrines opulentes, les bouches à la Betty Boop, et montrant une passion certaine pour dessiner avec raffinement les sexes de ces dames. Une petite balade qui se refuse difficilement donc.