LANFEUST DE TROY T.9 : LA FORÊT NOISEUSE
France – 2021
Genre : Fantasy
Scénariste : Christophe Arleston
Illustrateur : Didier Tarquin
Editeur : Soleil Editions
Pages : 56 pages
Date de Sortie : 03 novembre 2021
LE PITCH
Rien ne va plus dans le monde de Troy. Les sages, relais de la magie, disparaissent un à un. Lanfeust lui-même a perdu son pouvoir. Qui est cet être mégalomane qui plonge villes et villages dans le chaos ? Et quid de cet arbre gigantesque d’où semblent provenir tous les maux qui les accablent ? Lanfeust et Hébus, à nouveau réunis, partent au Delpont enquêter sur ces étranges disparitions…
Fondre au premier regard
De retour des étoiles et échappé de sa grande odyssée, Lanfeust est enfin de retour à Troy pour un nouvel album en forme de one-shot. Un nouveau départ, ou un re-recommencement pour un héros de la BD française qui affiche déjà quelques vingt-sept années au compteur. La magie du Magohamoth peut-elle opérer à nouveau ?
Même si Arleston et Tarquin parlent d’une longue pose nécessaire pour regonfler leurs accus, il ne s’est finalement écoulé que quatre petites années depuis le final de la dernière itération des trépidations de Lanfeust et sa clique, le réussi Lanfeust Odyssey. Il n’empêche que les créateurs de la saga avaient manifestement besoin de revenir aux fondamentaux et surtout d’approcher désormais leur univers farfelu par un angle inédit. Exit donc les grandes sagas en plusieurs tomes et les envolées spatiales ou mythologiques, les nouveaux tomes de Lanfeust se découvriront comme des albums complets, indépendants, même si certains personnages, dont l’adolescente capricieuse mais maline Aspette, apprentie du héros, seront, on l’imagine, à chaque fois de la partie. D’où un retour, un peu curieux, à la numérotation originale pour un 9ème tome finalement même accessible aux nouveaux lecteurs. Peut-être une petite erreur de stratégie là-dedans, mais cela n’empêche que le plaisir de retrouver Lanfeust, désormais âgé d’une bonne trentaine, ex-légende un peu oubliée redevenu forgeron itinérant, est immédiat.
L’arbre géant qui cache la forêt
De toute façon la narration ne prend pas des dizaines de pages pour installer les évènements, et retrouve en cela immédiateté des débuts, avec une aventure en forme de chasse aux trésor surtout conçue comme un efficace terrain de jeu. Les enjeux généraux ne sont pas décoiffants, le méchant despotique et allumé de l’affaire ne restera pas dans les mémoires, mais le voyage en compagnie de la petite bande (Hébus est bien entendu de retour lui aussi), est indéniablement dépaysant et amusant. Quelques jeux de mots foireux, des pouvoirs magiques parfaitement inutiles mais jamais totalement (les armes qui chantent, obliger les autres à faire des courbettes…) et un comique de situation bien entendu irrésistible. Avec d’ailleurs une traversée dans une forêt consciente, peut-être un poil susceptible mais non sans sens de l’humour, qui reste le meilleur passage de l’album et l’une des plus belles trouvailles de la saga. Forcément à vouloir jouer les chapitres indépendants tout en préservant le rythme débridé attendu, La Forêt noiseuse n’arrive pas toujours avoir le sens épique des autres albums ou leur rythmique des gags à multiples niveaux, l’ampleur de la cinquantaine de planches obligeant finalement à quelques exercices de compression, mais l’on s’y amuse certainement. Ce qui est aussi manifestement le cas de Didier Tarquin dont le style n’a cessé de mûrir au cours des années, appuyant désormais beaucoup plus généreusement sur les détails, autant dans le ridicule (Lanfeust et son mini marteau, les visages de certaines personnages secondaires) que dans l’échelle de certains paysages ou décors.
Avec ce 9eme tome de Lanfeust de Troy, le lecteur est déjà en terrain conquis… Peut-être un peu trop cependant.